Édouard Philippe assume. Un an jour pour jour après sa nomination à la tête du gouvernement, le Premier ministre a dressé un premier bilan de son action dans un entretien au Monde paru mardi. Dans cet interview fleuve, Édouard Philippe dit "assumer parfaitement toute la politique" menée par son gouvernement et assure qu'il est là "pour faire du Macron" et "pas du Juppé".
#SNCF : pas de privatisation, "la loi sera sans ambiguïté"
Au sujet de la réforme de la SNCF, Édouard Philippe redit dans les pages du Monde que l'entreprise ferroviaire restera publique, précisant que "la loi sera sans ambiguïté" sur ce sujet. Lundi, le député LREM rapporteur du projet de loi sur la réforme ferroviaire, Jean-Baptiste Djebbari, avait indiqué que "l'incessibilité" de la SNCF, réclamée par plusieurs syndicats, serait inscrite dans la loi, pour "ne laisser aucune place au fantasme de la privatisation".
"J'ai exprimé aux organisations syndicales ma fermeté sur certains sujets : l'ouverture à la concurrence, la transformation de l'entreprise et la fin du recrutement au statut. Nous ne reviendrons pas dessus", précise également Édouard Philippe. "Après, nous pouvons discuter pour améliorer le texte avant son examen au Sénat".
Sur la question de la reprise de la dette par l'État, "nous pouvons aussi discuter - pas négocier -", indique-t-il, ajoutant que "cette reprise de dette ne sera ni minimale ni totale, mais substantielle. J'indiquerai tous ces éléments avant le début de la discussion au Sénat".
#Programme des réformes : "dense jusqu'au bout" du quinquennat
Interrogé sur la teneur du "deuxième temps du quinquennat", une fois que la réforme des retraites aura été bouclée, en 2019, Édouard Philippe rétorque qu'"il n'y a pas de temps 1 et de temps 2 du quinquennat". "Je ne crois pas ceux qui disent qu'on aura terminé en 2019 l'ensemble du programme, et qu'après il n'y aura plus rien à faire. Il y a immensément à faire dans le pays pour le réparer. Le programme de travail sera dense jusqu'au bout", ajoute-t-il.
Après un an de présidence Macron, "notre pays est aujourd'hui jugé comme ayant une économie plus attractive, c'est un fait", se félicite-t-il encore. "J'assume parfaitement toute la politique que nous menons", complète-t-il alors que les Français perçoivent selon des sondages la politique du gouvernement comme à droite de l'échiquier politique. "Je viens de la droite. Mais un an après mon arrivée à Matignon, je ne me pose plus cette question, et les Français ne me la posent pas non plus. Je mets en oeuvre les engagements du président de la République", fait valoir Édouard Philippe ajoutant être là "pour faire du Macron, pas du Juppé !".
#Terrorisme : la "vigilance" du gouvernement est "maximale"
Le Premier ministre estime par ailleurs qu'il était "impossible de prévenir tout passage à l'acte partout et à tout moment" en matière de terrorisme, mais assure que "la vigilance" du gouvernement était "maximale" face à une menace "permanente". "Les actes terroristes auxquels nous sommes confrontés sont des actes de personnes très isolées, avec des moyens extrêmement réduits. Chacun sait qu'il est impossible de prévenir tout passage à l'acte partout et à tout moment. Ce qu'il faut, c'est que notre vigilance soit maximale. Elle l'est", assure-t-il quelques jours après l'attaque au couteau samedi soir à Paris perpétrée par un jeune Français d'origine tchétchène fiché S.
#Remaniement : "pas à l'ordre du jour"
Interrogé sur la possibilité d'un remaniement, Édouard Philippe indique au Monde que cela n'est "pas à l'ordre du jour". "Je suis chef d’un gouvernement avec lequel j’aime travailler. Je soutiens tous les ministres dans leur action réformatrice. Je suis frappé par leur très grande loyauté et le nombre extrêmement réduit de ce qu’on appelait auparavant des couacs", souligne-t-il.
#Réforme constitutionnelle : "Nous aborderons ces travaux dans un esprit ouvert"
Le Premier ministre Édouard Philippe assure que le gouvernement abordera "dans un esprit ouvert" la discussion du volet de la réforme constitutionnelle portant sur la procédure parlementaire, critiqué par les oppositions comme porteur d'un affaiblissement du Parlement. Interrogé sur les marges de négociation avec l'opposition sur la réforme constitutionnelle, Édouard Philippe explique qu'"il y a trois blocs". "Un premier sur la modernisation du Conseil supérieur de la magistrature, les ex-présidents de la République qui ne pourront plus siéger automatiquement au Conseil constitutionnel ou encore la suppression de la Cour de justice de la République. Sur ces points, nous avons un accord", détaille-t-il.
Un deuxième bloc comprend "les engagements du président" sur la réduction du nombre de parlementaires, la réduction du cumul des mandats dans le temps et l'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives. "Là-dessus, je considère que le président de la République, dans ses consultations, a fait les gestes pour dégager un accord politique", affirme le Premier ministre. "Et puis il y a un troisième paquet, sur la fabrique de la loi et le contrôle parlementaire", poursuit-il. "Sur ce dernier volet, notre objectif est d'avoir une discussion parlementaire riche sur la meilleure façon d'arriver à une forme d'efficacité réciproque. Nous aborderons ces travaux dans un esprit ouvert", assure-t-il.