Depuis le 1er décembre, date à laquelle il a annoncé qu'il ne se représenterait pas, François Hollande a opéré un retrait tactique. Assurant pleinement ses fonctions, notamment à l'international, il s'est en quelque sorte assis sur un banc, dans un parc, pour regarder, détendu, les candidats à la primaire de la gauche s'écharper.
Pas question de participer par procuration. Bien sûr, le chef de l'État avait tout fait pour être candidat. Mais depuis qu'il a pris la décision de renoncer, il est délivré de cette pression de la candidature. Et se tient en retrait parce qu'il ne veut pas prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Il n'a pas renoncé à la primaire pour y participer par procuration, au risque de surcroît de voir perdre son favori. D'où, aussi, un agenda médiatique très allégé et de nombreux déplacements. Le 22 janvier, date du premier tour de la primaire, le président sera même très loin, en voyage en Amérique du Sud entre le Chili et la Colombie.
Appels au rassemblement. Ce n'est qu'une fois le résultat de la primaire connu que François Hollande pourra s'engager dans la campagne présidentielle. Pas question de faire campagne sur les tribunes, le président restant le représentant de tous les Français. Mais il devrait s'exprimer dans les médias et dans ses discours, appelant au rassemblement d'une gauche menacée par la division. Il mettra en avant son propre sacrifice en faveur de l'unité et appellera le vainqueur de la primaire, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron à suivre son exemple. Soulignant que l'ambition individuelle ne peut primer sur l'intérêt général.
Attachement viscéral au PS. Reste à savoir qui François Hollande pourrait soutenir si ni Manuel Valls ni Vincent Peillon, dont les positions se rapprochent le plus des siennes, ne remportent la primaire. Pourrait-il pencher pour Emmanuel Macron plutôt qu'un Arnaud Montebourg qui a ouvertement critiqué sa politique depuis plus de deux ans ? Une chose n'est pas à minimiser : l'attachement viscéral, charnel de François Hollande au PS. Sa vie politique est une vie de Fêtes de la rose, de tournées des sections. Il a dirigé ce parti pendant plus de dix ans. Le poing à la rose, c'est sa bannière. Il ne serait donc pas surprenant du tout que le chef de l'État se tourne vers quelqu'un qui l'a égratigné tout au long du quinquennat mais possède sa carte au PS plutôt que vers son ancien ministre de l'Économie, qui a dit et répété qu'il n'était "pas socialiste".