Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie est parvenu vendredi à élire son président après trois mois de blocage, grâce à une entente entre indépendantistes et non indépendantistes, à moins d'un an du référendum d'autodétermination, prévu d'ici novembre 2018. Cette sortie de crise intervient juste à temps pour l'arrivée du Premier ministre, Edouard Philippe, attendu à Nouméa dans la nuit de vendredi à samedi.
Philippe Germain élu. Le président sortant Philippe Germain (Calédonie ensemble, droite modérée) a été élu avec 10 voix sur 11, regroupant sur son nom les 5 suffrages des membres de l'exécutif appartenant à la Plateforme (qui réunit les principaux partis de droite) ainsi que les 5 voix des indépendantistes. Le poste de vice-président est allé à un indépendantiste. Seul Christopher Gygès, des Républicains Calédoniens, a voté blanc. Il n'avait pas été convié aux discussions qui ont précédé ce dénouement.
"Reprendre le chemin des réformes". "C'est un message important qui est adressé aux Calédoniens à quelques mois du référendum", a déclaré à la presse Philippe Germain, précisant que le gouvernement "allait reprendre le chemin des réformes et envoyer des signaux positifs pour la confiance économique et sociale". Dans une déclaration commune signée par le gouvernement, à l'exception de Christopher Gygés, et par les chefs de groupes au Congrès, les partenaires ont exprimé leur "volonté partagée d'ouvrir un dialogue approfondi entre les formations indépendantistes et non indépendantistes afin de préparer l'échéance du référendum et son lendemain". "Les membres du gouvernement s'engagent à assurer un fonctionnement collégial, solidaire et consensuel conforme à la lettre et à l'esprit de l'Accord de Nouméa (1998)", ont-ils ajouté. Ils ont placé cette déclaration sous le signe de "la responsabilité" et de la "dynamique" insufflée par le comité des signataires de l'accord de Nouméa, le 2 novembre dernier à Matignon, au cours duquel un consensus avait été trouvé sur le corps électoral référendaire.
Gygès dénonce "une exclusion". "La volonté a été de transformer l'essai de la démarche engagée à Paris pour avoir en 2018 une consultation sereine et sincère", a déclaré Jean-Louis d'Anglebermes, vice-président de l'exécutif. Depuis le 31 août, le gouvernement de cet archipel très autonome était cantonné à l'expédition des affaires courantes, les indépendantistes refusant de trancher les querelles au sein de la droite. "Les membres de la Plateforme ont préféré faire un nouvel accord dans le dos des Calédoniens et des concessions aux indépendantistes alors qu'ils avaient la possibilité de discuter avec nous. Ils ont préféré nous exclure, c'est regrettable", a fustigé Christopher Gygès.