L'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, soupçonné d'avoir accordé un emploi fictif à la femme de François Fillon, a accepté d'entamer une procédure de "plaider-coupable", a appris l'AFP vendredi de source judiciaire, confirmant une information du Monde.
Reconnaissance préalable de culpabilité. Selon le quotidien, le milliardaire a accepté la peine proposée par le parquet national financier et approuvée par les juges d'instruction dans le cadre d'une "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité" (CRPC). Cette procédure, surnommée le "plaider-coupable à la française", doit encore faire l'objet d'une homologation par un juge du tribunal de Paris en audience publique, sans quoi une chambre correctionnelle devra trancher l'affaire.
Le 12 mai 2017, Marc Ladreit de Lacharrière, patron de la société Fimalac, avait été mis en examen pour "abus de bien sociaux" par les juges d'instruction en charge de l'enquête qui a entraîné la chute du candidat de la droite à la présidentielle. Les magistrats, qui ont notifié vendredi la fin de leurs investigations, soupçonnent l'entrepreneur d'avoir offert un emploi fictif à Penelope Fillon, salariée de mai 2012 à décembre 2013 à La Revue des deux mondes, dont il est le propriétaire.
"Totale liberté" de son emploi du temps. Penelope Fillon avait affirmé avoir rédigé des "notes et des fiches de lecture", mais seules deux ont été publiées dans la revue. Marc Ladreit de Lacharrière et elle-même s'étaient aussi défendus en invoquant un rôle de conseil de l'épouse de l'ex-Premier ministre pour relancer la publication. Le contrat de Penelope Fillon, établi sur 281 jours par an, "lui laissait une totale liberté" pour organiser son travail, avait justifié l'avocat de François Fillon, Me Antonin Levy.
A l'époque, François Fillon avait demandé à son ami "s'il avait une idée pour trouver du travail pour son épouse (…) Elle n'a pas demandé de salaires. Lui non plus", a relaté une source proche du dossier. Après son embauche, elle avait cumulé cet emploi avec un contrat de collaboratrice à l'Assemblée, à partir de juillet 2012, lorsque son mari était redevenu député. "À aucun moment (…) je n'ai eu la moindre trace de ce qui pourrait ressembler à un travail de conseiller littéraire", avait cependant assuré le directeur de la revue d'alors, Michel Crépu, au Canard enchaîné.