Soutiens de Nicolas Sarkozy : le bal des revenants

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Ils l'avaient lâché après la défaite de 2012. Les voilà revenus pour le soutenir. D'Eric Ciotti à Christian Jacob, passage en revue des pontes de droite qui ont rallié tardivement, et parfois à la surprise générale, l'ancien président.

L'annonce de la candidature à la primaire de Nicolas Sarkozy avait beau n'être un secret pour personne, elle a suscité de nombreuses réactions. Et a permis, notamment, de faire le compte des soutiens de l'ancien président. Parmi eux, certains sont plus surprenants que d'autres. Qu'ils l'aient complètement lâché après la victoire de 2012, ou qu'ils aient ouvertement (et pleinement) soutenu une autre tête d'affiche de la droite, plusieurs élus Les Républicains opèrent aujourd'hui un tardif ralliement à Nicolas Sarkozy.

 

Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

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Avant : En 2013, Laurent Wauquiez était monté au créneau pour réclamer un inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Dans une interview au Point, il avait critiqué, pêle-mêle, la non-abolition des 35 heures, "incompréhensible", des ratés sur la réforme des régimes spéciaux de retraite et, plus globalement, une tendance à faire des "réformettes" plutôt qu'à prendre des mesures efficaces. Début 2015, le tenant d'une ligne droitière chez LR ne se montrait pas plus tendre avec l'ancien président. "Franchement, cela n'a plus rien à voir avec le Sarko de 2012. Il n'a plus la queue d'une idée", aurait-il lâché, selon Le Canard Enchaîné.

Après : Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes roule pour Nicolas Sarkozy, arguant dans le JDD que ce dernier n'est certes "pas parfait" mais reste "le meilleur". "Il a réfléchi à ses erreurs, donc il est capable de les dépasser."

Ce qui s'est passé entre les deux : Laurent Wauquiez a misé sur le fait qu'il pourrait récupérer la tête du parti lorsque Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire, serait obligé d'en lâcher la présidence. Un plan qui a parfaitement fonctionné.

 

 

Pierre Lellouche, député de Paris

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Avant : Pas plus tôt qu'en novembre 2015, Pierre Lellouche, fillonniste convaincu, assurait qu'il ne se rangerait jamais derrière Nicolas Sarkozy. "De toute façon je ne [le] soutiendrai jamais, il ne gagnera pas", lâchait-il au micro de France Info. En 2013 déjà, L'Express rapportait des propos sans ambiguïté du député de Paris : "[Nicolas Sarkozy] peut faire perdre [la droite], mais il ne peut pas gagner. Le ressort est cassé avec les Français." Difficile de faire plus clair.

Après : Mardi, au lendemain de l'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy, Pierre Lellouche était pourtant en pole position du comité de soutien, inaugurant le QG de campagne du candidat.

Ce qui s'est passé entre les deux : Valérie Boyer, élue LR proche de François Fillon, a sa petite idée sur la question. "Vous aurez toujours des députés sensibles aux variations sondagières", a-t-elle déclaré au Figaro.

 

 

Gérald Darmanin, maire de Tourcoing

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Avant : "Les gens en ont marre de la politique comme avant. Il faut qu'il change d'entourage et de méthode." En janvier dernier, Gérald Darmanin, dans une interview à La Voix du Nord, ne se montrait pas tendre avec Nicolas Sarkozy. Le maire de Tourcoing expliquait alors ne "plus devoir grand-chose" à l'ancien président, dont il avait pourtant été le porte-parole de campagne pour la reconquête du parti, en 2014. Le jeune (33 ans) élu enfonçait même le clou en se disant loin de la "droite conservatrice". "Les débats identitaires sont nauséabonds. Le religieux hystérise notre vie politique. Notre identité, c'est la République, point. De ce point de vue je préférais le Sarkozy de 2007 à celui de 2012."

Après : En moins de huit mois, Gérald Darmanin semble avoir radicalement changé d'avis. Il a annoncé son soutien à Nicolas Sarkozy dans les colonnes du Figaro, fin août, expliquant que l'ancien président était en réalité le "plus proche du peuple de droite" parmi les candidats à la primaire.

Ce qui s'est passé entre les deux : D'après Gérald Darmanin, ce n'est pas lui qui a changé, mais bien Nicolas Sarkozy. "Il a entendu ce que je disais", a justifié le maire de Tourcoing, qui souhaite instiller un peu de "gaullisme social" dans la campagne de l'ancien chef de l'État.

 

François Baroin, maire de Troyes

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Avant : C'est peu dire que François Baroin le chiraquien et Nicolas Sarkozy n'ont pas toujours été sur la même longueur d'onde politiquement. "Le débat sur l'identité nationale ne peut que servir le Front national", assurait le premier au Monde en 2009, alors que le second le défendait bec et ongles. En juin 2015, il profitait d'un entretien au JDD pour s'opposer à l'interdiction du voile à l'université. "Il n'y aurait rien de pire que de faire une loi", estimait-il alors. Exactement l'inverse de ce que prône Nicolas Sarkozy aujourd'hui.

Après : Exit les différends, François Baroin soutient Nicolas Sarkozy sans condition. "Je m'engagerai [pour lui], mon choix est fait depuis longtemps", a annoncé le président de l'Association des maires de France sur Europe 1 début juin. Avant de saluer "le leadership, la force, la passion" de celui qui était encore, à l'époque, président des Républicains.

Ce qui s'est passé entre les deux : L'alliance de circonstance est d'abord motivée par un ennemi commun, Alain Juppé, que François Baroin déteste depuis qu'il a été viré de son gouvernement en 1995. En outre, avec un partenariat affiché comme un "ticket", le maire de Troyes serait assuré d'obtenir Matignon si Nicolas Sarkozy revenait à l'Élysée.

 

Christian Jacob, député de Seine-et-Marne

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Avant : Christian Jacob est un très proche de Jean-François Copé, auquel il a succédé à la tête du groupe LR (UMP à l'époque) à l'Assemblée nationale, en 2010. "Je suis très attaché à lui", affirmait-il alors à Rue89. "Je considère qu'il fait partie des gens qui ont tous les espoirs permis pour 2017. C'est une valeur sûre de notre majorité." Il y a six ans, il a également cosigné, avec François Baroin, Jean-François Copé et Bruno Le Maire, une tribune au Figaro appelant Nicolas Sarkozy, en vrac, à mettre fin à l'hyperprésidence, maîtriser la dépense publique et mettre à bas les 35 heures. S'il n'a jamais été parmi les plus virulents, Christian Jacob n'a cependant pas manqué de prendre ses distances avec le quinquennat sarkozyste.

Après : "L'expérience, le tempérament, le sang froid, la capacité à décider et l'énergie pour être candidat", Christian Jacob reconnaît sur Europe 1 beaucoup de qualités et de compétences à Nicolas Sarkozy, qu'il estime capable de "rassembler la communauté internationale" dans un contexte marqué par des attentats terroristes. Son soutien inattendu a d'ailleurs moyennement plu à Jean-François Copé, qui est apparu légèrement déprimé sur Twitter.

Ce qui s'est passé entre les deux : Selon Christian Jacob, ce ralliement à l'ancien chef de l'État ne signifie cependant ni rupture ni divorce avec son "ami" Jean-François Copé. Son choix est simplement mu par la certitude que Nicolas Sarkozy est l'homme providentiel. "Il est le centre de gravité de la droite", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Il a démontré sa capacité d'écoute et de rassemblement de notre famille politique."

 

Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes

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Avant : "C'est lui qui a l'analyse la plus juste de la situation en proposant au pays une vraie rupture avec des mesures audacieuses et courageuses", disait Eric Ciotti en octobre 2014 dans le JDD. Le député des Alpes-Maritimes parlait alors de… François Fillon, et assurait que ce dernier aurait sa voix pour la primaire de la droite.

Après : Un peu moins de deux ans plus tard, l'analyse n'est plus vraiment la même. Eric Ciotti votera Nicolas Sarkozy, qui a pour lui "l'expérience de chef d'État" et défend une ligne "très audacieuse" (encore), notamment sur le thème de l'identité, a-t-il souligné au micro d'Europe 1.

Ce qui s'est passé entre les deux : Ne lui parlez pas de retournement de veste. Eric Ciotti assure simplement s'être adapté aux circonstances. "Je [défendais François Fillon] dans un contexte précis, à un moment où Nicolas Sarkozy n'était pas retourné" en politique, a-t-il ainsi expliqué au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Les mauvaises langues diront que le député des Alpes-Maritimes s'est aligné sur la courbe des sondages, plus favorable à l'ancien chef de l'État depuis le printemps dernier. Et espère atterrir place Beauvau en cas de victoire.

 

Christian Estrosi, président de la Région Paca

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© BERTRAND LANGLOIS / AFP

Avant : Les régionales semblaient avoir eu l'effet d'un électrochoc sur Christian Estrosi, soudainement réticent à tenir une ligne trop droitière au sein de LR. "Plus on va à droite, plus on fait monter le Front national", assénait-il alors, dans une allusion claire à la stratégie de Nicolas Sarkozy. "Je n'ai pas adopté, comme le voulait [le président des Républicains], la ligne du 'ni-ni'", soulignait encore l'ancien maire de Nice à propos de l'entre-deux tours de l'élection locale.

Après : Fini l'opposition et la critique, Christian Estrosi est rentré dans le rang. Et estime, dans les colonnes du JDD, que Nicolas Sarkozy "est le meilleur candidat" à la primaire. "Le meilleur pour affronter le Front national", aussi. Pourtant, rien n'indique que l'ancien chef de l'État aille moins à droite depuis qu'il s'est déclaré candidat. Bien au contraire.

Ce qui s'est passé entre les deux : Le président de la Région Paca minimise les désaccords qu'il a pu avoir avec Nicolas Sarkozy, affirmant notamment que ce dernier "est prêt à entendre le point de vue d'élus locaux expérimentés. Surtout, il le rejoint sur certains sujets comme la "lutte contre le burkini" et compte bien être le "garant de la dimension sociale" de son programme.

 

 

Eric Woerth, secrétaire général des Républicains

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© JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Avant : L'ancien ministre du Budget a choisi de soutenir François Fillon sans condition pour la course à la tête de l'UMP, en 2012. À l'époque, il ne tarit pas d'éloges sur lui, le décrivant comme "courageux, ferme, déterminé, pragmatique, pondéré, doté d'une expérience forte de l'exercice des plus hautes responsabilités, mais aussi fidèle à nos valeurs républicaines, humanistes, gaullistes, sociales et libérales". Rien que ça. Non seulement Eric Woerth voit en Fillon un "vrai chef de parti", mais aussi "un véritable homme d'État".

Après : François Fillon a beau avoir un nombre impressionnant de qualité, visiblement, Eric Woerth considère que Nicolas Sarkozy en possède encore plus, puisqu'il est "le meilleur candidat que l'on puisse avoir pour la France".

Ce qui s'est passé entre les deux : De son propre aveu, Eric Woerth apprécie simplement le sens du sacrifice de Nicolas Sarkozy, qui ne revient selon lui que pour "rendre service à son pays". Reste que la candidature de l'ancien chef de l'État lui permet de monter d'un cran dans l'organigramme du parti, passant de secrétaire général en charge du projet à secrétaire général tout court, soit n°2 derrière Laurent Wauquiez.