"Mon adversaire est le candidat de l'oligarchie, je suis la candidate du peuple." Voilà, en une phrase, l'angle d'attaque choisi par Marine Le Pen pour la campagne d'entre-deux tours. La candidate frontiste l'a prononcée mardi soir, sur le plateau d'"Élysée 2017", une nouvelle émission politique spécialement mise sur pied par TF1 dans l'entre-deux tours de la présidentielle.
Interrogée pendant près d'1h30, la présidente du Front national s'est attachée à creuser un fossé entre elle et l'adversaire susmentionné, Emmanuel Macron. Qui serait du côté de la "mondialisation sauvage" quand elle incarnerait "la régulation des dérives du marché". À lui "le règne de l'argent, l'idée que le marché est le patron", la "vision de salle de marché". Pour elle, "la protection des Français" et "la Nation".
"L'enjeu, c'est la France". "Je vais expliquer [aux Français] que l'enjeu de cette élection présidentielle, c'est la France", a martelé Marine Le Pen. "Sa survie ou sa dilution dans une mondialisation sauvage". Pour appuyer un propos qui n'est pas nouveau, la candidate frontiste a souligné qu'elle avait fait le choix d'une campagne "à la rencontre des Français", avec des "réunions dans ces tous petits villages" qui sont "l'âme de la France". "Il n'y a que quelques voix qui nous séparent avec Monsieur Macron", a-t-elle asséné. "Je sais que l'oligarchie a déjà placé Monsieur Macron dans le fauteuil de président, mais le peuple ne l'a pas fait. Il va réserver une très grande surprise à l'oligarchie. Il y a une révolte des peuples contre les élites. Les peuples ont le sentiment que les élites ont œuvré pour elles-mêmes, ont oublié l'immense responsabilité qu'elles ont à l'égard des peuples."
" Le peuple va réserver une très grande surprise à l'oligarchie "
"Je ne suis pas la candidate du FN". Pour coller à cette image de représentante du peuple, Marine Le Pen est allée jusqu'à déclarer qu'elle n'était "pas la candidate du Front national, mais soutenue par le Front national et avec le peuple". Elle s'était en effet mise en congé de la présidence de son parti lundi soir, 24 heures plus tôt. Celle qui est arrivée deuxième du premier tour a également énuméré un certain nombre de ses propositions pour rendre le pouvoir aux Français, comme l'introduction de la proportionnelle aux législatives.
Discours plus rassurant sur l'Europe. Côté défense de la France, la candidate a déroulé un argumentaire classique : lutte contre l'immigration massive, mise en place d'un "protectionnisme intelligent" et sortie de l'euro qui "est un boulet" et "ruine notre compétitivité". Néanmoins, la présidente en congé du Front national a considérablement adouci son discours sur l'Union européenne, allant jusqu'à qualifier de "belle initiative" des institutions qui, pourtant, concentrent son courroux la plupart du temps. "Je ne suis pas une adversaire de l'Europe. Je me sens européenne", a-t-elle déclaré.
Rappelant qu'elle avait "bien entendu l'inquiétude de nos compatriotes", Marine Le Pen a détaillé sa stratégie sur une potentielle sortie de l'Union européenne. "Je vais entrer en négociations pour restaurer la souveraineté [de la France]." Voilà pour le plan A. "Soit l'Union européenne accepte, soit elle se radicalise." Il sera alors temps d'enclencher un plan B, et de soumettre aux Français un "Frexit" par référendum.
" Le projet de Monsieur Macron est fratricide "
Appel du pied aux mélenchonistes. Marine Le Pen n'a pas manqué de s'adresser aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon pour tenter de récupérer leurs voix, alors que leur leader n'a donné aucune consigne de vote. "Est-ce que sérieusement vous envisagez de voter pour quelqu'un qui va faire une loi El Khomri fois 1000, dont l'objectif principal est l'uberisation totale de la société ?", a-t-elle demandé face caméra. "Le projet de Monsieur Macron est fratricide car il vise à jeter les communautés les unes contre les autres, jeter les salariés les uns contre les autres."
Reste à savoir ce que feront les mélenchonistes. S'il n'a pas choisi entre appeler à voter blanc, s'abstenir ou voter Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon a pourtant écarté tout vote pour la candidate Front national. Dans le questionnaire soumis aux "Insoumis" sur Internet, ces derniers ne peuvent choisir qu'entre les trois premières possibilités. "Le vote pour la candidate d'extrême droite ne saurait représenter une option", est-il écrit noir sur blanc.