Le Premier ministre Manuel Valls a promis lundi "un plan spécifique concret, précis et financé" sur le parc pénitentiaire, lors d'une visite à la maison d'arrêt de Nîmes, qui détient le record français de surpopulation carcérale.
Rénover les prisons. "Des pistes seront présentées à l'automne avec un plan spécifique concret, précis et financé - car par le passé, il y a eu tant d'annonces mais jamais financées - sur le parc pénitentiaire", a-t-il déclaré devant la presse après plus de deux heures de déambulation dans cette maison d'arrêt qui accueille à l'heure actuelle 406 détenus pour une capacité théorique de 192, selon son directeur Luc Joly. Outre la rénovation du parc pénitentiaire existant et la création de nouvelles places, il s'agit également de mener des réflexions pour "faire face à l'accroissement de la population carcérale à moyen terme", a rappelé le chef du gouvernement.
Nîmes, le point noir. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, également présent à Nîmes, a rappelé de son côté qu'il devait présenter au parlement en septembre un rapport sur l'encellulement individuel. Citant des travaux de rénovation en cours dans des établissements vétustes, comme la Santé à Paris, ainsi que l'ouverture de nouveaux établissements, à Beauvais ou Valence, Manuel Valls a estimé qu'"il reste cependant beaucoup de travail à faire". Pour lui, la maison d'arrêt de Nîmes, sanctionnée il y a un an par le Conseil d'Etat, a ceci de remarquable qu'"elle concentre les difficultés : supopulation féminine, augmentation du nombre de matelas par terre", a-t-il relevé, se refusant à toute annonce spécifique sur cet établissement.
Une pic à Taubira. Une enveloppe de 200.000 euros a été débloquée pour établir différents scénarii de réfection et d'extension, et évaluer leur coût, a précisé Luc Joly. Le premier objectif de sa visite était, a expliqué Manuel Valls, de "saluer l'engagement des personnels, des hommes et des femmes qui travaillent dans l'administration pénitentiaire, que nos compatriotes ne connaissent pas suffisamment" et dont il a souligné le "métier difficile et profondément humain". "Face à cette situation, le gouvernement agit et il agit tout particulièrement depuis que Jean-Jacques Urvoas est Garde des Sceaux", a poursuivi le Premier ministre, dans une allusion à peine cachée à son inimitié notoire pour l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira.
Depuis plusieurs mois, le nombre de détenus dans les prisons françaises frôle le record historique établi en avril 2014 avec 68.859 personnes incarcérées. Il était de 68.685 en mai, à peine moins en juin, et juillet ne s'annonce pas bon. Le tout pour 58.683 places "opérationnelles" et avec près de 1.500 matelas au sol.