Sur la forme, non mais sur le fond, oui. C’est peu ou prou la position des responsables politiques français sur la mobilisation des taxis jeudi contre le service de chauffeurs amateurs UberPop. Les politiques soutiennent les chauffeurs de taxis dans leur combat contre UberPop mais condamnent l’usage de la violence qui a émaillé les manifestations.
"La loi de la jungle". A gauche, Claude Bartelone, le président de l’Assemblée nationale, a été très clair jeudi matin sur BFMTV : "on ne peut pas laisser les chauffeurs de taxi victimes de la loi de la jungle". "C’est un véritable désespoir", a-t-il expliqué. "Je vois ce que peuvent représenter ces jeunes, notamment des quartiers populaires, qui ont fait des efforts pour passer leur permis taxi, qui ont mis de l'argent sur la table…" Et de poursuivre : "les voir aujourd'hui en concurrence avec des gens - je pense à UberPOP - qui n'ont pas les mêmes taxes, les mêmes impôts, et qui sont salariés d'une boîte internationale qui délocalise les profits pour ne pas payer d'impôts, je les comprends".
Sur LCI, Julien Dray, élu PS francilien, a dit "comprendre la révolte", avant d’ajouter : "il ne faut pas qu’on se trompe, la situation des taxis doit bouger".
"Une concurrence déloyale". Marine Le Pen s’est elle aussi alignée sur l’argumentaire des taxis en affirmant "comprendre leur colère", face à une "concurrence déloyale". Sur France 2, la présidente du Front National a assuré jeudi matin qu’il "y a des chauffeurs qui ont acheté des licences 240.000 euros". "On les met d’un seul coup en concurrence avec des personnes qui n’ont aucune obligation, aucune norme à respecter, et qui n’ont jamais acheté une licence", a-t-elle critiqué.
"C’est la chienlit". A droite, les responsables politiques comprennent les revendications des taxis mais sont plus prompts à dénoncer les violences des manifestations. Sur RTL, François Fillon a estimé que c’était "la chienlit aujourd’hui". Selon lui, "les taxis ont des revendications sur lesquelles on peut discuter. Une législation doit s’appliquer". Néanmoins l’ancien Premier ministre a ajouté que "ce serait tout de même scandaleux que les taxis prennent la suite de la CGT" , expliquant qu’il pensait "en avoir fini avec la prise en otages par les syndicats, en général de gauche, des systèmes de transport public".
Même position pour Lydia Guirous, porte-parole des Républicains qui, jeudi matin sur ITélé, dénonçait "la violence inadmissible" de certains chauffeurs de taxi. "On comprend leur colère, leur mobilisation mais on ne comprend pas leur violence", a-t-elle résumé.