Le 4 septembre 2014, Thomas Thévenoud avait été contraint de démissionner du gouvernement de Manuel Valls, neuf jours seulement après sa nomination au poste de secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. En cause, la non-déclaration de ses revenus et, par conséquent, le non-paiement d'impôts pendant plusieurs années. Thomas Thévenoud avait alors reconnu des "retards de déclaration et de paiement", selon lui "intégralement régularisés", invoquant une "phobie administrative". Toujours député de Saône-et-Loire, Thomas Thévenoud était l'invité d'Europe 1 mardi, jour de la sortie de son livre Une phobie française(Grasset).
"Il y a un aspect irrationnel dans tout ça". "Je ne m'épargne pas, je reconnais mes fautes", a-t-il assuré. "En général, les hommes politiques ne racontent pas leur séances de psy. Moi, je le fais." "Il y a un aspect irrationnel dans tout ça", a estimé Thomas Thévenoud, pour qui la "phobie administrative" touche plus de gens que l'on ne le croit. "Il y en a peut-être autour de vous, dans votre famille, dans votre entourage, dans vos collègues, qui sont des personnalités qui réussissent très bien qui ont des carrières exemplaires et qui sont bordéliques, et qui, quand ils ouvrent une boîte à chaussures, y trouvent deux ans d'enveloppes non ouvertes."
Un livre écrit "pour ses filles". Dans Une phobie française, Thomas Thévenoud raconte avoir pensé au suicide par deux fois lorsque le scandale a éclaté. Un récit "sincère", d'après l'ancien secrétaire d'Etat, "quand vous avez des filles de huit ans qui vous disent des choses." Le député affirme avoir écrit "pour elles" : "Elles ont grandi, nous avons grandi à cause de mes erreurs. Dans quelques années, quand elles auront des choses à reprocher à leur papa, elles auront un livre."
Candidat aux législatives en 2017. Après avoir quitté le gouvernement, pourquoi n'a-t-il pas démissionné de son poste de député de la 1ère circonscription de Saône-et-Loire ? "J'ai choisi de rester député de ma terre d'enfance, de continuer à représenter celles et ceux qui m'ont fait confiance", a répondu l'ancien secrétaire d'Etat. "Ils sont déçus, ils me le disent parfois, de moins en moins. J'y suis toutes les semaines." S'il a affirmé ne plus vouloir faire partie d'un gouvernement, Thomas Thévenoud a également confirmé sa volonté de briguer un nouveau mandat en 2017 : "Je ne veux pas me défiler, j'ai été un contribuable négligeant mais un député actif".
La France, un pays "inflammable".Dans son livre, l'ancien secrétaire d'Etat n'épargne pas Manuel Valls, qui lui a "soulevé le coeur", le faisant même "vomir" en 2014. Après le scandale, le Premier ministre avait indiqué qu'il refuserait de comptabiliser la voix du député lors du vote de confiance. "Quand j'entends ces paroles très dures, le corps réagit. En général, les politiques ne parlent jamais de ça, de leur corps. Moi, ça m'a fait vomir", raconte le député. Thomas Thévenoud affirme pourtant ne pas avoir écrit pour régler ses comptes : "Ce n'est pas un livre pour balancer, mais pour expliquer ce que la France est devenue : un pays inflammable, où quand on a fait des bêtises, l'hyperviolence s'exprime."