Édouard Philippe s'est dit "atterré" mercredi par les responsables politiques qui "racontent n'importe quoi" sur le nouveau traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle, en visant sans les citer le Rassemblement national de Marine Le Pen et le mouvement Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan.
Il dénonce des "fantasmes". "À l'occasion de la discussion et de la signature de ce traité, un certain nombre de fantasmes ont été agités par un certain nombre d'acteurs du débat public qui en la matière ont voulu marquer une distance très très grande entre eux et la réalité", a fustigé le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement.
"Atterré" par les gens qui affirmaient que son objectif était de céder l'Alsace et la Lorraine à l'Allemagne, @EPhilippePM précise le contenu et les objectifs du traité d'Aix-la-Chapelle. #DirectAN#QAGpic.twitter.com/QoYpCMn6kc
— LCP (@LCP) 23 janvier 2019
"Moi qui suis attaché à la qualité du débat public comme nous tous normalement ici, j'ai été (...) atterré par la capacité que certains ont pu avoir à affirmer crânement, sans déciller, que d'une façon quelconque ce traité aurait pour objectif de céder l'Alsace et la Lorraine à l'Allemagne", a-t-il poursuivi, en réponse à une question du chef de file de l'UDI, le centriste Jean-Christophe Lagarde. "Mais enfin de quoi parlons nous? Faut-il à ce point avoir envie de raconter n'importe quoi, pour dire aux Français que ça aurait été l'objectif de la France ou de l'Allemagne?", a cinglé le Premier ministre.
Que prévoit vraiment le texte? Le nouveau traité franco-allemand signé mardi par Angela Merkel et Emmanuel Macron est censé élever la relation bilatérale à un "niveau supérieur". Ont circulé des accusations de cession de souveraineté, relayées notamment par le député européen Bernard Monot, de Debout la France : le traité reviendrait à "livrer l'Alsace et la Lorraine" à l'Allemagne. La "langue administrative" y deviendrait notamment l'allemand.
Le traité ne prévoit pourtant rien de tel. Il prévoit de "resserrer les liens entre les citoyens et les entreprises de part et d'autre de la frontière", via en particulier des "procédures accélérées" pour faire avancer des projets. Le traité ne prévoit par ailleurs en aucun cas que la France "partage" avec son voisin son siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, contrairement à ce qu'avaient affirmé Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan.
Le texte se contente d'assurer, dans son article 8, que l'admission de l'Allemagne "en tant que membre permanent" est "une priorité de la diplomatie franco-allemande". Les deux pays s'engagent aussi à "coordonner" leurs positions au sein de l'ONU et de faciliter des "positions unifiées" de l'Union européenne au sein de l'instance mondiale.