La rencontre était incertaine, mais elle a finalement eu lieu. François Hollande a eu un tête-à-tête de 50 minutes avec Fidel Castro au cours de sa journée de visite à Cuba, lundi. Un entretien que le chef de l'Etat a lui-même raconté à la presse. "Il y a forcément un débat sur ce qu'a pu être sa place, ses responsabilités, mais, venant à Cuba, je voulais rencontrer Fidel Castro", a-t-il expliqué, saluant "un homme qui a fait l'Histoire".
"Un moment pathétique". Plusieurs ténors de l'UMP se sont indignés, mardi, de cette rencontre. "Un moment pathétique", a fustigé Bruno Le Maire sur BFMTV. "Je suis fasciné par la manière dont la gauche française regarde avec tant de complaisance Fidel Castro et le régime castriste. C'est une dictature de la pire espèce", s'est indigné le député de l'Eure.
Valérie Pécresse n'est pas plus enthousiaste. "On sent François Hollande très ému. Moi, personnellement, Fidel Castro n'a jamais fait partie de mon Panthéon des hommes politiques rêvés, donc ça me laisse un peu de marbre", a affirmé la députée des Yvelines sur iTÉLÉ.
"Je voudrais rappeler que c'est la plus vieille dictature au monde et sans doute l'une des deux ou trois dernières dictatures communistes", a pour sa part déclaré Benoist Apparu à l'Opinion. Pour le député juppéiste de la Marne, "celui qui nous est présenté comme un révolutionnaire romantique est juste un dictateur".
"Une grave faute morale". Pour Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP, "rendre hommage et qualifier Fidel Castro de 'dernier grand personnage du XXe siècle' est une grave faute morale". "François Hollande a décidé de rendre hommage à un homme qui a opprimé pendant des décennies le peuple cubain", ajoute le député du Nord dans un communiqué.
L'UMP ne se prive d'ailleurs pas de rappeler qu'en 2003, François Hollande fustigeait à propos de Cuba "la belle révolution (qui) a tourné au cauchemar". Des propos tenus par celui qui était alors premier secrétaire du Parti socialiste dans une tribune publiée dans Le Nouvel Observateur, comme l'a noté Rue89.
"Un vieux dictateur en jogging". Enfin, le député de Paris Pierre Lellouche, spécialiste des questions internationales à l'UMP, s'est indigné dans un communiqué que François Hollande ait été "reçu par un vieux dictateur en jogging qui, au temps de sa splendeur, n'avait pas hésité à faire fusiller plusieurs milliers de prisonniers politiques, et à emprisonner 40.000 opposants à la fin des années 1960".
Ces critiques rejoignent celle d'opposants au régime cubain, dirigé depuis une dizaine d'années par Raul Castro, frère de Fidel. "C'est un pays qui est dirigé par un régime militaire, donc la visite de François Hollande est surprenante", s'est ainsi émue la romancière cubaine Zoé Valdès, invitée d'Europe 1 mardi. "Il n'aurait pas dû y aller, c'est trop dur pour ceux qui aiment la liberté et la république".
Interpellé à l'Assemblée nationale, Manuel Valls a défendu la visite de François Hollande, "un succès" selon lui. "La France a pris toute sa part dans le rapport entre Cuba, qui est en train d'évoluer, et l'Union européenne", a fait valoir le Premier ministre. Quant à Bruno Le Roux, le patron des députés socialistes, il s'est félicité de la rencontre entre François Hollande et Fidel Castro. "Je ne vois pas ce qu'il y aurait de choquant à partir du moment où il y a l'évolution que l'on connaît aujourd'hui", a-t-il évacué.