Un tweet du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin contre un avantage fiscal des élus a déclenché la colère du Sénat vendredi, le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau s'exclamant "il y en a marre que ce gouvernement tape les élus", et a amené les sénateurs à suspendre leurs travaux.
"Une augmentation de 125% de déduction fiscale des élus". Les sénateurs ont adopté à l'unanimité, dans le cadre du projet de budget pour 2019, un amendement prévoyant pour les indemnités que perçoivent les maires des petites communes, le retour partiel au régime fiscal d'avant 2017, plus favorable. "À l'initiative des Républicains le Sénat vient de voter une augmentation de 125% de la déduction fiscale des élus, qui revient à les exonérer d'impôt jusqu'à 1500 euros/mois sur leurs indemnités ! Je m'y opposerai évidemment en seconde lecture à l'Assemblée nationale", a aussitôt tweeté Gérald Darmanin.
À l’initiative de @lesRepublicains le Sénat vient de voter une augmentation de 125% de la déduction fiscale des élus, qui revient à les exonérer d’impôt jusqu’à 1500€/mois sur leurs indemnités ! Je m’y opposerai évidemment en seconde lecture à l’@AssembleeNat. Cc @olivierdussopt
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 23 novembre 2018
"Il y en a marre que ce gouvernement tape les élus. Ce gouvernement a un fil rouge, c'est l'élu bashing. Ce que fait Monsieur Darmanin, on ne peut pas l'accepter", a lancé Bruno Retailleau. "Le ministre qui n'est pas au banc fait la politique du tweet pour taper les élus", a-t-il ajouté, avant de demander au secrétaire d'Etat Olivier Dussopt, représentant du gouvernement en séance, de "contacter le Premier ministre pour savoir si ce tweet fait partie de la communication officielle du gouvernement". Le tweet de Gérald Darmanin "est une nouvelle provocation, une incitation au populisme", a encore affirmé le sénateur, au lendemain du congrès des maires.
Le Sénat proteste en suspendant ses travaux. À la demande de Bruno Retailleau, la séance a été ensuite suspendue, puis levée, après consultation du président du Sénat Gérard Larcher, jusqu'à l'issue de la conférence des présidents convoquée samedi matin, en présence du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau. "Le Premier ministre annonçait hier (jeudi) au Congrès des maires de France avoir entendu et compris le sentiment d'abandon et de lassitude qui gagnait les maires, notamment ceux des petites communes", a réagi Gérard Larcher dans un communiqué. "Un vote en hémicycle de la représentation nationale mérite mieux en réponse qu'un tweet sibyllin du ministre Darmanin absent des débats".