Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Eric Zemmour et Marine Le Pen étaient successivement les invités du "Grand Oral de la présidentielle", organisé par Europe 1 et Paris Match et Le Journal du dimanche. À deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, un sujet s'invite régulièrement dans la campagne, celui de la souveraineté nationale ou parfois européenne. Quelle est la vision des candidats sur ce sujet ? Ils répondent (voir l'intégralité de l'évènement dans la vidéo en illustration de cet article).
Yannick Jadot
Yannick Jadot souhaite une industrie européenne. "Sur la question de la souveraineté, je suis favorable à un pacte de patriotisme écologique pour notre pays. On a fermé trop d'usines dans notre pays dont on va avoir besoin", affirme-t-il.
"Je veux croire que la guerre sur le continent européen va réveiller tout le monde !", tonne Yannick Jadot. Le candidat EELV l'assure, la France est dépendante de certains pays. "Quand on a voulu évacuer les personnes en Afghanistan, on a pas pu le faire sans les Américains", précise-t-il. Pour cela, il prône une politique de défense pour une autonomie stratégique.
Valérie Pécresse
Pour la candidate les Républicains, "la souveraineté est d'abord française" mais elle ne refuse pas toute souveraineté à l'Europe : "Il peut y avoir, dans mon esprit, au niveau européen, des éléments partagés de souveraineté mais je ne parle pas d'Europe souveraine. Je parle d'Europe indépendante, parce que ce que je veux, c'est que l'Europe affirme son indépendance par rapport aux grands empires, au reste du monde. Je veux la fin de la naïveté. Je veux qu'on ait des frontières qui soient respectées. Je veux qu'on ait un 'Buy European Act', en bon français dans le texte, qu'on achète européen, qu'on ait une préférence européenne dans nos marchés publics."
Valérie Pécresse a également rappelé son souhait d'inscrire dans la Constitution la possibilité pour la France de refuser une règlementation internationale si celle-ci "contrevient aux intérêts supérieurs de la Nation ou de l'identité constitutionnelle". La présidente de la région Île-de-France compte également instaurer "une vraie taxe carbone à nos frontières, qui protège enfin nos industries".
Anne Hidalgo
"Comment assurer sa souveraineté ?", questionne Anne Hidalgo. "En soutenant l'hôpital public plutôt qu'en le cassant. Pour moi, c'est très simple, je sors de la logique hôpital-entreprise, c'est 'les gens avant l'argent', la santé c'est ce qui compte donc je fais en sorte qu'ils puissent y avoir des hôpitaux avec des moyens", a-t-elle clamé.
Dans son programme, la candidate du Parti socialiste propose des "odyssées industrielles", c'est-à-dire le regroupement des chercheurs, industriels, acteurs publics et privés, collectivités territoriales et l'État pour porter une ambition. Elle souhaite notamment réindustrialiser le secteur de la santé.
La maire de Paris n'oublie pas pour autant l'Europe qui "a plutôt bien agi" sur la crise sanitaire. "L'Europe a mis en place un plan de relance qui a permis de soutenir les économies européennes, c'est-à-dire soutenir les entreprises mais aussi le pouvoir d'achat."
Fabien Roussel
Fabien Roussel, le pouvoir d'achat des Français est essentiel tout comme l'investissement dans "la production d'énergie y compris nucléaire", indispensable selon lui pour retrouver "notre souveraineté et notre indépendance y compris notre indépendance vis-à-vis des autres pays, on le voit bien avec le gaz russe !"
"Si on n'avait investi beaucoup plus en France et en Europe dans cette production d'énergie décarbonée, on serait moins dépendant d'autres pays", a-t-il poursuivi. Pour le candidat, la France ne doit donc plus être dépendante d'autres pays pour se chauffer ou pour réindustrialiser le pays.
Eric Zemmour
"Celui qui est souverain, c'est celui qui décide ce qu'il peut faire, ce qu'il doit faire", lance le candidat du parti Reconquête. Pour Eric Zemmour, "soit la nation française est souveraine, soit l'Europe, une nation européenne serait souveraine et déciderait à la place mais il ne peut pas y avoir une souveraineté nationale et une souveraineté européenne. Il faut choisir."
L'ancien polémiste a vivement fait part de son refus d'une souveraineté européenne. "Si vous donnez la souveraineté à l'Europe, ça veut dire qu'il n'y a plus de démocratie. Il n'y a plus de démocratie parce que la démocratie suppose l'existence d'une nation et une nation suppose l'existence d'un peuple. Or, il n'y a pas de peuple européen, il n'y a pas de nation européenne, donc il ne peut pas y avoir de démocratie européenne et donc il ne peut pas y avoir de souveraineté européenne."
Marine Le Pen
Marine Le Pen souhaite une souveraineté nationale industrielle, militaire, alimentaire, pharmaceutique. La candidate du Rassemblement national affirme que la France est capable "d'être autonome en matière agricole et d'exporter". "Ce n'est pas seulement un défi économique, c'est un défi humaniste", indique-t-elle.
Interrogée sur la question de l'autonomie spatiale, la candidate répond qu'il est "impératif d'avoir des coopérations internationales". "Ça me va bien d'avoir des cooptations européennes", avoue-t-elle.