C'est une lueur au bout du tunnel autant qu'un outil politique. Mercredi soir, dans son intervention à 20 heures, Emmanuel Macron a martelé son mantra : "Vacciner, vacciner, vacciner", avec l'idée que l'arrivée progressive des doses permettrait de tourner la page des restrictions liées à l'épidémie de Covid-19 depuis maintenant un an. Pourtant, la vaccination en France se fait surtout au rythme des livraisons, alors que le gouvernement essaie de tordre le cou à l’idée qu'il y aurait des doses inutilisées.
"Pas de Spoutnik sur l'étagère"
C'est en tout cas ce que répètent les membres du gouvernement depuis quelques jours. "Pas de vaccins dans les frigos", promet le ministre de la Santé, Olivier Veran, quand son collègue à l'Europe, Clément Beaune, affirme que la France n'a "pas de Spoutnik sur l’étagère". "On est en flux tendu", jure-t-on au ministère de la Santé.
Concrètement, au dernier pointage, 90% des doses de Pfizer sont utilisées, 75% des AstraZeneca et 65% des Moderna, livrées en plus faible quantité depuis maintenant plusieurs mois. On parle ici de taux d’utilisation, un chiffre qui dépend de l’acheminement des vaccins, de leur mise en flacon mais aussi des doses sécurisées pour la deuxième injection, à l'heure où plus de 9 millions de personnes ont reçu une première dose. "On ne peut pas aller plus vite et on fait avec ce qu’on a. Ce qui manque, ce sont les doses", plaide un conseiller.
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60 millions de doses d'ici à fin juin
Cette tendance devrait rapidement s’inverser avec une forte hausse des livraisons attendues dans les prochaines semaines. D’ici à fin juin, la France doit en effet avoir reçu 60 millions de doses, soit suffisamment pour vacciner plus de 30 millions de personnes, avec l'arrivée du vaccin Janssen, ne nécessitant qu'une seule dose. "Plus on s’approche de l’été, moins les vaccins seront un sujet", confiait récemment une ministre à Europe 1.
Si le gouvernement ne veut pas laisser planer de doute, c’est que toute la stratégie française de sortie de crise repose sur une vaccination massive, dès que possible. Emmanuel Macron le promet à tous les adultes d’ici à la fin de l’été. Un pari qui repose plus, en réalité, sur les capacités de production et de livraison des laboratoires que sur sa propre volonté politique.