Manuel Valls a rendu jeudi un nouvel hommage à son mentor Michel Rocard et a qualifié de "mensonge" et "calomnie" les accusations de l'ancien ministre Jérôme Cahuzac sur l'usage par les rocardiens d'un compte caché en Suisse. Lors d'un discours clôturant un colloque réunissant les amis de l'ancien Premier ministre décédé début juillet, M. Valls, jeune conseiller de M. Rocard lorsque celui-ci était à Matignon, a salué l'action de ce dernier pour la "moralisation du financement de la vie politique".
"Et il faut le rappeler face à la calomnie et au mensonge", a-t-il fustigé, en allusion directe aux accusations lancées par M. Cahuzac lors de son procès pour fraude fiscale. A l'ouverture de son procès début septembre, l'ex-ministre du Budget avait affirmé que son premier compte ouvert en Suisse en 1992 avait servi à "financer" le courant politique de M. Rocard. Au lendemain de ces accusations, M. Valls s'était déjà dit "triste" et "dégoûté" par les propos de l'ancien ministre.
"Rocard n'appartient à personne". Comme début juillet après la mort de M. Rocard, M. Valls a salué l'action du Premier ministre de François Mitterrand, appelant à "faire vivre" son "héritage intellectuel, éthique, pratique". Mais il a rejeté toute "dispute" sur cet héritage, alors que deux heures plus tôt, son ex-ministre et nouveau rival politique Emmanuel Macron s'était lui aussi plié au discours d'hommage à M. Rocard. "Je lis, j'entends ici ou là que l'héritage de Michel Rocard serait très disputé. Cela n'a pas de sens - et en tout cas, ne comptez pas sur moi pour participer de cette dispute qui serait mesquine", a affirmé M. Valls. "Car à l'image des grands hommes de l'Histoire de France, Michel Rocard est bien plus grand que cela. Il n'appartient à personne ou alors il appartient à tous. Je ne sais pas si nous devons en être les héritiers, mais nous devons en tout cas être les passeurs, humbles, opiniâtres et fidèles", a poursuivi son ancien conseiller.
Alors que la gauche est menacée d'une lourde défaite aux élections de 2017, M. Valls a aussi prévenu de "la rudesse et de l'âpreté de l'opposition" à laquelle M. Rocard a été longtemps condamné. "Ceux qui aujourd'hui, à gauche, font tout pour que nous retournions vers les temps d'avant, où la gauche était spectatrice, se trompent lourdement. Quand on est fidèle à Michel Rocard, on ne peut pas l'accepter !" a lancé M. Valls.