Manuel Valls effectue lundi sa première visite en tant que Premier ministre en Corse, où les dirigeants nationalistes de l'exécutif de l'île comptent mettre sur la table les points sensibles, de l'amnistie des "prisonniers politiques" au statut de la langue corse.
Les "propositions du gouvernement". "Ce déplacement sera l'occasion de présenter les principales propositions du gouvernement issues des trois groupes de travail" sur "l'avenir et au développement de la langue corse", la "lutte contre la spéculation foncière et la fiscalité" et à la mise en place de la "collectivité unique", a fait savoir Matignon. Point d'orgue du déplacement : le discours du Premier ministre, après ceux des leaders nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, devant l'Assemblée de Corse.
Amnistie et langue corse. Alors que les nationalistes réclament une "amnistie" pour les "prisonniers politiques" corses, Manuel Valls a répliqué en assurant que les règles de rapprochement "s'appliquent". À l'exception du "commando Erignac" ayant tué le préfet de Corse en 1998, qu'il assume de garder en prison sur le continent. Sur la langue corse, la revendication d'une "co-officialité" avec le français n'a pas de chance d'aboutir, l'exécutif ayant été très clair dans son refus. Mais les nationalistes pensent obtenir gain de cause a minima sur la création d'une agrégation de corse.
"Peuple corse". Au surlendemain du décès de Michel Rocard, la visite devrait être l'occasion de nouveaux hommages à l'ancien Premier ministre, salué comme un "ami de la Corse" dès samedi soir par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Lorsqu'il était à Matignon, Michel Rocard avait chapeauté une nouvelle loi sur le statut de la Corse en 1991, qui créait la "collectivité territoriale de Corse". Le Conseil constitutionnel avait d'ailleurs censuré à l'époque l'usage dans la loi du terme "peuple corse" au motif que la Constitution "ne connaît que le peuple français". Ce point suscite encore la controverse : "il n'y a qu'une seule nation, la nation française. Il est hors de question de revenir là-dessus", avait affirmé fin décembre Manuel Valls.