Nul doute que Manuel Valls se serait bien passé de ça. Alors qu’il se rend samedi et dimanche à Alger, le Premier ministre va devoir affronter le courroux algérien. Fâchée par les révélations des "Panama papers" - qui ont avancé qu’Abdeslam Bouchouareb, le ministre algérien de l'Industrie, aurait lui aussi détenu une société établie au Panama -, l’Algérie a même convoqué l'ambassadeur de France à Alger a au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui faire part de son mécontentement face à une "campagne hostile". Et des journalistes français n'ont pas obtenu de visa pour couvrir la visite de Manuel Valls. Un contexte loin d'être idéal avant une visite aussi importante.
Une "dizaine de ministres". Manuel Valls, pour ce troisième "comité interministériel de haut niveau", est ainsi venu avec une large délégation. Pas moins d’une "dizaine de ministres" seront à ses côtés, parmi lesquels Bernard Cazeneuve (Intérieur), Emmanuel Macron (Economie), Marisol Touraine (Santé), Najat Vallaud-Belkacem (Education) ou encore Audrey Azoulay (Culture), selon Matignon. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault sera quant à lui retenu à une réunion des chefs de la diplomatie du G7.
"L'Algérie a les mêmes intérêts que la France". Le samedi soir, le chef du gouvernement français doit avoir un dîner de travail avec son homologue algérien Abdelmalek Sellal. Divers accords, notamment économiques, seront au menu, selon un conseiller. De même que la coopération antiterroriste et la "sécurité dans la région", avec les dossiers maliens et libyens.
C’est d’ailleurs ce dernier sujet qui "rassure" le géopolitologue Frédéric Encel, invité vendredi sur Europe 1. "Je suis très optimiste sur les résultats de cette visite. L'Algérie a sur le terrain les mêmes intérêts que la France. Quand je dis le terrain, c'est le Sahel et l'Afrique du nord, à savoir bien sûr la lutte contre l'islamisme radical", a-t-il estimé.
"Panama Papers" : Alger refuse un visa à un journaliste du Monde en représailles
L'Algérie a refusé un visa à un journaliste du Monde qui devait couvrir le voyage officiel du Premier ministre Manuel Valls, samedi et dimanche à Alger. Le pouvoir entend ainsi protester contre la publication d'une photo du président Abdelaziz Bouteflika le liant à tort au scandale des Panama Papers. Valls a appelé son homologue algérien pour tenter d'infléchir la situation. Un visa a également été refusé à une équipe du Petit journal de la chaîne Canal+, ont indiqué une source gouvernementale et une source proche du Monde.
"La France devrait revenir en force sur le plan commercial".Malgré cet incident diplomatique - "ils nous en veulent parce que nous sommes l'ancienne puissance coloniale. Les gouvernements algériens successifs tiennent à rappeler que c'est un Etat indépendant et souverain", selon Frédéric Encel -, la priorité sécuritaire reprendra donc ses droits, et mettra tout le monde autour de la table.
Mais le géopolitologue avance un autre angle de discussion possible. Car, sur le plan économique, Paris a aussi une carte à jouer. "La France souhaite revenir à son rang traditionnel de premier partenaire économique et commercial devant la Chine. La France devrait revenir en force sur le plan commercial. Les discussions devraient être très fructueuses". A Manuel Valls d'enfiler son costume de VRP par dessus son habit de diplomate.
>> REECOUTEZ : France et Algérie : pourquoi tant de tensions ?
France et Algérie : pourquoi tant de tensions ?par Europe1fr