La victoire des nationalistes était prévisible, elle ne souffre d'aucune contestation : au premier tour des élections territoriales, dimanche, la coalition emmenée par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni a totalisé 45,36% des suffrages. Les deux hommes n'en sont pas à leur coup d'essai car, il y a deux ans, ils avaient déjà remporté les élections régionales. "On peut parler de bis repetita car ils ont donné satisfaction et ils représentent l'identité de l'île. C'est la victoire de l'histoire corse", analyse Michel Vergé-Franceschi, historien et professeur d’histoire moderne à l’université de Tours et auteur de L’identité corse (Payot).
La droite et la gauche, "étrangères à la Corse". Alors que la seconde liste de la droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni arrive en deuxième position avec 14,97% des voix et que l'abstention atteint 47,83%, l'avance de la coalition nationaliste peut s'expliquer selon l'universitaire par le fait que "la notion de droite et de gauche est étrangère à la Corse". Autre élément à prendre en compte : le recul du Front national, passé de 10% en 2015 à 3% dimanche. "Le FN a disparu du paysage. Il y a une tradition de très grande tolérance" en Corse, avance Michel Vergé-Fransceschi pour justifier cette désaffection des insulaires pour le parti d'extrême droite.
L'indépendance, "pas à l'ordre du jour". Mais il prévient : il ne s'agit d'une victoire de l'indépendantisme, comme cela peut être le cas en Catalogne. "On fait un parallèle malheureux avec la Catalogne", regrette d'ailleurs l'historien, qui note que "Jean-Guy Talamoni a mis en veilleuse la notion d'indépendantisme" ce qui pourrait expliquer la victoire de sa coalition. "Tant qu'un territoire ne peut pas assurer sa défense et sa nourriture, l'indépendance n'est pas à l'ordre du jour", relève le professeur.