La violence à l'encontre des politiques devient désespérément ordinaire. Laurianne Rossi, 33 ans, députée La République en marche! des Hauts-de-Seine, a été agressée dimanche matin sur le marché de Bagneux par un homme âgé d’une cinquantaine d’années. L'élue a reçu un violent coup de poing sur la tempe droite. Selon le témoignage de la victime, l'homme voulait marquer son opposition au gouvernement.
Les politiques de plus en plus pris pour cibles. Cette agression intervient après une campagne présidentielle très tendue. Souvenez-vous de la gifle infligée à Manuel Valls lors de la primaire de la Belle alliance populaire ou encore de la chute sur le sol de Nathalie Kosciusko-Morizet pendant les législatives. La conseillère de Paris avait également été prise à partie par un détracteur. Le message est net : le corps des politiques, et même des politiques très peu connus comme Laurianne Rossi, est en train de devenir une cible, sinon un exutoire.
Un sentiment d'exaspération. Cette attaque a fait réagir de nombreux responsables politiques. Emmanuel Macron a dénoncé une attaque contre des "convictions". Le président de l’Assemblée François de Rugy y a vu un reflet des débats houleux en séance. Bien que sonnée par le coup reçu, c’est la jeune députée qui a fait l’analyse la plus lucide de la violence qui lui a été infligée. Selon Laurianne Rossi, cet acte révèle avant tout "un sentiment d'exaspération chez une partie des citoyens". Il faut bien l’admettre : la présidentielle n’a pas joué son habituel rôle cathartique. Les électeurs de droite continuent à penser que les affaires leur ont volé l’élection, ceux de Jean-Luc Mélenchon qu’ils ont presque gagné, ceux de Marine Le Pen que le système s’est organisé pour qu’ils perdent.
La balle dans le camp Macron ? Cet acte insupportable rappelle au chef de l'État que s’il prônait la bienveillance, il est aujourd'hui confronté à une société sans indulgence. Il est bien sûr attendu sur le front des résultats économiques. Mais il fait également face à un autre défi : il va falloir qu’il invente durant ce quinquennat une manière subtile de laisser respirer les multiples oppositions qu’exacerbent sa majorité écrasante. Pour désarmer les mécontents qui, comme l’agresseur de dimanche, se croiraient fondés à utiliser le plus archaïque mode d’expression politique : la violence.