Recevoir ou ne pas recevoir Vladimir Poutine ? C'est "la question que se pose" François Hollande à l'occasion de la venue du maître du Kremlin le 19 octobre à Paris pour l'inauguration, prévue de longue date, de la grande église orthodoxe du Quai Branly. Une interrogation qui frôle l'incident diplomatique.
Une communication décalée. Voilà donc un dérapage diplomatique mal contrôlé, avec à la clef une nouvelle figure en politique étrangère made in François Hollande, "l'hésitation diplomatique". Mais d'abord de quelle tribune officielle, le président de la République a-t-il adressé la menace de rompre diplomatiquement avec la Russie ? De la préfecture de Tulle, samedi dernier, après une remise de décoration à cinq illustres corréziens. François Hollande a en effet accordé une interview exclusive aux journalistes de Quotidien, l'émission d’infotainment de Yann Barthès. François Hollande y menace donc Vladimir Poutine de ne pas le recevoir. Le passage clef est finalement diffusé au 20 heures de TF1. Une communication décalée, plus du niveau d’un président de conseil général de Corrèze que d’un président de la République. Les plus désabusés des conseillers de l’Elysée ne sont même pas surpris tandis que d’autres sont consternés. Et la cellule diplomatique de la présidence rame.
Ça n'impressionne pas Vladimir Poutine. "La France, on l’écoute", se targue souvent le chef de l’Etat français. Mais qu'attend-on de François Hollande ? Qu'il décide, et dise soit "la Russie refuse la trêve à Alep, les civils meurent, elle devra répondre de crimes de guerre. Dans ces conditions Vladimir Poutine n’est pas le bienvenu en France". Ou alors qu'il tranche pour une seconde solution qui serait de dire : "Je recevrai Vladimir Poutine mais pas pour inaugurer une église, lieu de paix, quand on tue en Syrie, ni pour porter un toast, mais pour formaliser l’indignation de la France".
Le problème c’est que le président a pris la parole pour dire qu’il hésitait. "Je me suis posé la question", dit-il. François Hollande invente donc l’hésitation diplomatique. Avec quel effet sur la Russie ? Les préparatifs de la visite du 19 octobre continuent à Moscou, fait savoir le Kremlin. Pour Vladimir Poutine, "l'appel de Tulle", ça ne l’impressionne pas. La pression est sur les épaules de François Hollande qui va devoir, une fois de plus, sortir de ambiguïté.