Duel à l’usine Whirlpool. Mercredi midi, alors que tous les regards étaient tournés vers la rencontre entre Emmanuel Macron et des salariés de l'usine Whirlpool à la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) d'Amiens, Marine Le Pen a fait une visite surprise directement sur le site de production.
Un dossier symbolique. Ce devait être l'un des temps forts de la campagne d'Emmanuel Macron. Début avril, le candidat d'En Marche! avait promis de rencontrer les salariés de l'usine Whirlpool, menacée de fermeture depuis janvier. Un déplacement hautement symbolique tant le dossier est devenu un sujet majeur de la campagne. En trois mois, l'usine Whirlpool s'est imposée comme un "nouveau Florange" pour les candidats à l'élection présidentielle. Marine Le Pen avait promis mi-avril que, elle présidente, l'usine de fermerait pas. De son côté, Emmanuel Macron avait annoncé ne pas vouloir faire de promesses intenables.
Le Pen à l'offensive. Mercredi, le favori de l'élection présidentielle a rencontré des représentants de l'intersyndicale à la CCI d'Amiens, à quelques kilomètres de l'usine, bloquée par des grévistes. Mais il n'avait pas anticipé le coup de force de Marine Le Pen. Alors que personne ne l'attendait, la candidate a fait une apparition de 30 minutes sur le parking de l'usine Whirlpool pour rencontrer les salariés. Objectif : montrer qu'elle est proche du peuple, qu'elle n'hésite pas à se mêler à eux.
À #Amiens où je suis allée rencontrer et soutenir les salariés de #Whirlpool. Avec moi, leur usine ne fermera pas ! pic.twitter.com/6529H1y1HP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 26 avril 2017
"Je suis là au côté de salariés, sur le parking, pas dans des restaurants amiénois", a déclaré Marine Le Pen à la presse, qui s'est défendue de "faire un coup médiatique" et se faisait photographier au côté de salariés faisant des selfies. "Evidemment que c'est un message", a-t-elle ajouté. "Quand j'ai appris qu'Emmanuel Macron venait ici et qu'il n'entendait pas rencontrer les salariés, qu'il entendait pas venir sur ce piquet de grève, mais qu'il allait à l'abri dans je ne sais quelle salle de la chambre de commerce pour rencontre 2-3 personnes triées sur le volet, j'ai trouvé que c'était tellement une preuve de mépris à l'égard de ce que vivent les salariés de Whirlpool que j'ai décidé de sortir de mon comité stratégique et de venir vous voir", a dit Marine Le Pen aux employés de l'usine.
Macron répond à Le Pen. Informé de la visite surprise de Marine Le Pen, Emmanuel Macron a réagi quelques minutes après le départ de son opposante, lors d'un point presse à la sortie de la réunion avec l'intersyndicale. "Madame Le Pen est venue à Amiens car j'y venais. Bienvenue à elle", a tancé le candidat d'En Marche! qui a ensuite justifié son non-déplacement à l'usine. "J'étais avec les représentants des salariés de Whirlpool ici, à la Chambre de commerce, pendant plus d'une heure car l'accès de l'usine était bloqué."
12h30 avec l'intersyndicale du site Whirlpool. Loin des manipulations, je serai avec les salariés à 14h30. pic.twitter.com/w5kN6mxbrK
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 26 avril 2017
"Nous avons discuté de la situation dans le détail pendant plus d'une heure avec des engagements clairs de part et d'autre. Madame Le Pen fait de l'utilisation politique en haranguant des militants sur un parking", a ajouté Emmanuel Macron, précisant qu'il se rendra à l'usine dans l'après-midi pour rencontrer les salariés. "Il faut faire les choses dans l'ordre. L'intersyndicale a été exemplaire dans ce dossier et je tenais à parler avec les représentants avant de discuter avec les salariés." Il a conclu en affirmant que "le projet de Marine Le Pen ne résout rien au dossier Whirlpool".
Visite mouvementée. Troisième acte de cette journée mouvementée : la visite à l'usine. Emmanuel Macron, poussé indirectement par l'action de Marine Le Pen, est allé à la rencontre des salariés de Whirlpool. Une visite d'une heure plutôt mouvementée. Le candidat d'En Marche! a été accueilli par des sifflets et des "Marine présidente" nombreux. Après plusieurs bousculades et invectives, Emmanuel Macron a finalement pu discuter plus posément avec un groupe de grévistes, sur le parking de l'usine. "Je me battrai pour que l'usine ne ferme pas", a-t-il répété. Le candidat est resté plus d'une heure pour présenter ses solutions et dénigrer le programme de Marine Le Pen.
Echange avec François Ruffin. Le candidat d'En Marche a ensuite été abordé par François Ruffin, réalisateur de Merci Patron! et candidat aux législatives à Amiens. Il a tenu à "saluer le courage" d'Emmanuel Macron, "venu au milieu de la mêlée malgré le contexte tendu". "Mais vous payez votre manque de solidarité, votre absence pendant trois mois. Pas un mot, pas un communiqué, pas une prise de parole sur Whirlpool pendant la campagne. Il y a un abandon de votre part. Aujourd'hui, vous le payez ici", a critiqué François Ruffin. Emmanuel Macron a assumé sa ligne : "Je ne vous promets pas monts et merveilles".