Le Premier ministre Édouard Philippe a dénoncé mercredi des "insinuations" du député LFI François Ruffin, qui l'interrogeait sur de récentes visites des principaux membres de l'exécutif chez Sanofi sur fond de scandale de la Dépakine.
"Peur que vous soyez en train de vous faire un film". "J'ai peur, monsieur le député, qu'une fois de plus, vous soyez en train de vous faire un film", a lancé le chef du gouvernement au journaliste élu des Insoumis, connu pour le succès de son documentaire Merci Patron. "Nous ne gagnerons rien du tout, ni vous ni nous, ni personne en France, à placer systématiquement le débat sur la santé ou sur la production dans le thème du soupçon tel que vous venez de le faire", a notamment dit le Premier ministre, dans une ambiance agitée sur les bancs de l'Assemblée.
Philippe défend Sanofi. "Vous êtes en train de considérer qu'il serait normal dans toute la mesure du possible de dénigrer une entreprise française, une entreprise qui fonctionne bien, qui crée des richesses en France et qui apporte des solutions sur le plan de la santé", a dit Édouard Philippe pour défendre Sanofi, alors que l'entreprise est éclaboussée par le scandale de la Dépakine, un anti-épileptique qui a entraîné des malformations de fœtus. "Quand je veux rencontrer des sites industriels et des chefs d'entreprise, je le fais, sans vous demander l'autorisation, ni de personne, sinon de ceux chez qui je m'invite", a encore fait valoir le Premier ministre, appelant François Ruffin à se "calmer". "Vous êtes énervé, calmez-vous, ça va bien se passer", a-t-il encore lancé sous les applaudissements debout du groupe LREM.
Ruffin pointe des visites de Macron, Philippe et Castaner. Dans sa question, François Ruffin relevait des visites ces derniers mois d'Emmanuel Macron, d'Édouard Philippe et de Christophe Castaner sur des sites de Sanofi ou auprès du patron de l'entreprise, Serge Weinberg. Le médiatique député de la Somme soulignait que l'État allait financer l'indemnisation des victimes de la Dépakine, pour des montants en milliards d'euros, quand "la firme en laisse l'entière charge à l'État" et au "contribuable". L'élu insoumis a dit vouloir s'assurer que l'État, lors de ces rencontres, avait "tapé du poing sur la table pour que Sanofi indemnise les victimes de la Dépakine, pour qu'on ne vous soupçonne pas d'être les complices des labos et de leurs lobbies". Sanofi affirme avoir toujours respecté ses obligations sur le dossier et prévenu les autorités sanitaires des risques. Fin juillet, le même François Ruffin avait déjà dénoncé la visite d'Édouard Philippe sur un site de Sanofi, où le Premier ministre s'était rendu sans presse.