Éric Woerth, président (LR) de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, dresse "un bilan pour le moins mitigé" de la session du Parlement qui s'achève mercredi, dénonçant "une volonté assez claire du président de la République d'affaiblissement du Parlement".
"Une vision mensongère ou candide". "C'est vrai qu'il y a un renouvellement incontestable de l'Assemblée, y compris au sein du groupe des Républicains, et c'est une bonne chose si on réussit à marier expérience et jeunesse", estime Eric Woerth dans un entretien au Journal du Dimanche. Mais le député de l'Oise s'agace des attaques contre "la vieille politique", y voyant "une vision mensongère ou candide des choses". "Nous n'appartenons pas à deux catégories : la vieille politique ou la nouvelle politique. D'ailleurs, quand je regarde la majorité, j'ai parfois l'impression qu'ils font de la politique comme on en faisait sous l'Empire romain...", lance-t-il. "Il n'y a pas de honte à avoir sollicité plusieurs fois la confiance de ses électeurs. Ce discours, c'est du néo-poujadisme", affirme-t-il, y voyant derrière "une volonté assez claire du président de la République d'affaiblissement du Parlement".
"Rien dans les tuyaux". Invité à tirer un bilan des trois premiers mois de mandat d'Emmanuel Macron, Eric Woerth déclare ne pas voir "le début d'un processus de réforme en profondeur". "Je constate que, pour l'heure, il n'y a rien dans les tuyaux sur des réformes de structure", déplore-t-il. "Il n'y a pas de cadrage de l'action. J'en suis surpris pour un président qui paraissait organisé et qui a une vision extrêmement hiérarchique et autocentrée de la République". "La vérité, c'est que l'exécutif n'est pas encore entré dans le dur. Rien de difficile n'a encore été fait", affirme-t-il.
Le député juge le poids du Premier ministre Edouard Philippe, issu de LR, "assez faible". "Ce n'est même pas un metteur en scène de l'action gouvernementale. C'est un metteur en forme des décisions du président, de son cabinet et de la technostructure qui entoure Emmanuel Macron". Selon lui, "la priorité" du président en le nommant à Matignon, "c'était de casser la droite".