Xavier Bertrand met en garde Emmanuel Macron : "Il y a quelque chose de cassé entre le Président et les Français"

Pour Xavier Bertrand, la politique d'Emmanuel Macron n'est pas satisfaisante pour combattre les extrêmes.
Pour Xavier Bertrand, la politique d'Emmanuel Macron n'est pas satisfaisante pour combattre les extrêmes. © ERIC PIERMONT / AFP
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Dans un entretien au Journal du Dimanche, le président de la région Hauts de France appelle le chef de l'État à "sortir du déni" concernant la sécurité et le pouvoir d'achat des Français.

Le ton a changé. Alors qu'il se montrait exigeant et encourageant à l'égard d'Emmanuel Macron durant les premiers mois de sa présidence, Xavier Bertrand est maintenant bien plus critique envers le chef de l'État, qui visitera le nord de la France la semaine prochaine, à l'occasion du centenaire de la fin de la Grande Guerre.

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le président de la région Hauts de France lui demande de "sortir du déni" à propos du pouvoir d'achat et de la sécurité, deux thèmes sur lesquels l'exécutif est très critiqué depuis plusieurs semaines.

Bertrand favorable à "une réponse judiciaire plus dure". Il y a d'abord l'agression de ce policier à Hyères, un acte "ignoble" selon lui, ainsi qu'un appel à la "purge" de forces de l'ordre le soir d'Halloween. "Ce n’est pas avec des coups de menton qu’on réglera le problème de ces bandes qui, pour un regard de travers, vous envoient à l’hôpital ou à la morgue", avertit Xavier Bertand dans les colonnes du JDD. "Il nous faut une réponse judiciaire plus dure ! Peines alternatives ou prévention sont nécessaires, mais ne tournons pas autour du pot : il faut plus de places de prison, plus de moyens pour la police et la justice et plus de sévérité."

Un pays "qui va dans le mur" ? Mais son coup de gueule le plus virulent porte sur le pouvoir d'achat, deux semaines avant une mobilisation nationale prévue contre la hausse des prix du carburant, le 17 novembre. Pour l'ex-responsable LR, les justifications du gouvernement pour augmenter la fiscalité écologique ne trompent personne : "Sur le pouvoir d’achat, les Français, qui savent mieux compter que les ordinateurs des ministères, lui montreront que, quand on leur donne d’une main, on reprend plus de l’autre. Lorsque des classes moyennes ne parviennent plus à s’en sortir, c’est que le pays va dans le mur."

2017 et la poursuite d'un "vieux système". "Les débuts d’Emmanuel Macron laissaient penser qu’il apporterait des solutions nouvelles, mais les méthodes sont les mêmes : la politique du rabot au lieu de redéfinir les missions de l’État", dénonce-t-il également. "2017 ne nous a pas fait entrer dans un nouveau monde politique. C’est au contraire un vieux système, avec lequel il faut rompre car il nous a conduit dans l’impasse depuis des décennies : des décisions technocratiques prises depuis Paris. (…) Ce monde-là a échoué et il a fait grossir les extrémismes. Nous avons l’obligation d’imaginer un nouveau modèle européen, et un nouveau modèle français, qui rendra à nouveau possible l’ascension sociale."

 

Pour Ascoval, "ce n'est pas encore gagné"

Sur le dossier d'Ascoval, aciérie de sa région menacée de fermeture que l'État prévoit d'aider, Xavier Bertrand reste "sur [ses] gardes" : "L’État préparait l’enterrement de cette entreprise, et il a fallu dénoncer publiquement ce cynisme pour qu’il revoit sa position. (…) Nous demandons un coup de main temporaire de l’État. Nous savons que cette filière est viable", veut-il croire au sujet du secteur de l'aciérie en France. Auprès du JDD, l'ancien ministre du Travail insiste par ailleurs pour qu'Emmanuel Macron se rende sur place : "Il y a eu tellement de changements de pied de l’État sur ce dossier que ce serait bien que le président de la République affirme sa position aux salariés ou leurs représentants."