3e vague de Covid : "Les leçons n'ont pas été apprises", regrette Dominique Costagliola

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Antoine Terrel

Sur Europe 1, l'épidémiologiste Dominique Costagliola estime que les mesures actuelles ne sont pas suffisantes pour contrer la troisième vague de l'épidémie de coronavirus. "Je pense qu'en prenant des mesures plus fortes, mais plus courtes, on aurait eu un meilleur résultat", explique celle qui plaidait pour un confinement strict au mois de février.

Inquiétude dans les écoles, hôpitaux menacés de déborder, 19 départements soumis à de fortes restrictions… Confrontée à une troisième vague de l'épidémie de coronavirus, la France se trouve aujourd'hui dans une situation difficile, au point que certains anticipent déjà un nouveau renforcement des mesures. Comme de nombreux spécialistes, Dominique Costagliola réclamait dès le début de l'année un confinement strict lors du mois de février, mais s'était alors heurté au refus d'Emmanuel Macron, le président voulant à tout prix éviter de mettre à nouveau le pays à l'arrêt. "Les leçons n'ont pas été apprises", regrette aujourd'hui l'épidémiologiste, invitée samedi d'Europe 1. 

Un confinement strict "aurait permis de limiter la diffusion du virus"

Pour Dominique Costagliola, les mesures prises par le gouvernement ne sont pas suffisantes face à l'ampleur de la crise, notamment en raison de la virulence du variant anglais. "Ce variant est plus transmissible, cela veut dire que les mesures pour contenir l'épidémie doivent être plus importantes pour arriver au même résultat qu'auparavant", explique-t-elle. "On a l'impression qu'au niveau des décisions prises pour contrôler l'épidémie, les leçons n'ont pas été apprises." "Contrôler l'épidémie, ça n'est pas attendre qu'il y ait un nombre maximum de personnes hospitalisées en réanimation, c'est arrêter la circulation du virus", poursuit Dominique Costagliola. 

Un confinement strict en février aurait, selon elle, "permis de limiter la diffusion de ce virus, et permis que le moment où il serait devenu dominant soit reculé, ce qui aurait permis de gagner du temps pour voir arriver les doses de vaccin". Et d'insister : "On a un timing qui ne va pas du tout."

"Le gouvernement a fait du confinement l'épouvantail absolu"

Mais le gouvernement a depuis des mois écarté l'hypothèse d'un confinement strict, notamment en raison de son impact sur l'économie, mais aussi de la lassitude des Français face aux restrictions. "Le gouvernement a fait du confinement l'épouvantail absolu, et après, il dit qu'il ne peut pas le faire parce que c'est désagréable pour les gens", regrette Dominique Costagliola. "Mais une situation dans laquelle on attend tous les jeudis pour savoir à quelle sauce on va être mangé, sans avoir aucune perspective, avec des pans entiers de l'économie qui sont à l'arrêt, je ne suis pas sûr que ça gère au mieux la situation avec l'objectif de minimiser les dommages, qu'ils soient sanitaires, sociaux et économiques."

"Je pense qu'en prenant des mesures plus fortes, mais plus courtes, finalement, on aurait eu un meilleur résultat", conclut Dominique Costagliola.