L’INFO. On pensait qu’elles étaient de l’histoire ancienne, et pourtant, certaines maladies ressurgissent aujourd’hui. Dernier exemple en date : la contamination par la gale d’un camp de migrants à Calais. Le phénomène a d’ailleurs justifié la destruction du lieu de vie des candidats à l’Angleterre. Les autorités craignaient que l’épidémie s’étende à la population locale. Cette maladie ancestrale n’est pas la seule à connaître une résurgence dans le monde ces dernières années. Europe1 a mis ses gants et son masque et disséqué le phénomène.
La gale fait son trou. L’épisode de Calais n’est pas une première en France. Depuis quelques années, les nouveaux foyers de contamination se répandent sur le territoire. Selon une étude de 2001, près de 200.000 cas de gale sont détectés chaque année en France.
Objet de fantasme, la maladie infectieuse provoquée par un petit parasite (le sarcopte) n’est pourtant pas uniquement liée au simple manque d’hygiène. “La gale n’est pas une maladie honteuse, ni une maladie de la saleté, expliquait en 2011 au Point le Professeur Chosidow, chef du service de dermatologie à l’hôpital Henri-Mondor. C’est une maladie de la collectivité que l’on associe trop souvent à tort à la précarité”.
Pour les spécialistes, c’est d’ailleurs le manque de connaissance et de communication sur la maladie qui provoquent son retour. Début 2013, l’épidémie avait été tellement forte que l’Ascabiol, la lotion prescrite en cas de gale, était tombée en rupture de stock.
La rage : un cas en 2014. Louis Pasteur, la rage ne lui dit pas merci. A la fin du XXème siècle, c’est lui qui développe le vaccin anti-rabique. Cela explique peut-être pourquoi aucun cas de la maladie n’a été contracté dans l’Hexagone depuis 1924. La rage n’a pas pour autant complètement disparu du pays. En mars 2014, un homme est mort de la maladie dans un établissement d’Île-de-France après avoir été contaminé au Mali.
C’est en effet généralement lors de voyages à ‘l’étranger que les personnes atteintes de la rage en France contractent la maladie. Si chez nous la maladie est éradiquée, elle n’en reste pas moins très répandue dans le monde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle tue à elle seule encore 55.000 personnes chaque année.
La rougeole : un manque de vigilance. Dans les années 80’, la France se lance dans un grand plan de suppression totale de la rougeole. Son arme : le fameux vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) imposé dans le programme de vaccination de tous les enfants. Pour tester l’efficacité du dispositif, une enquête est lancée en 1998 et constate une immunité insuffisante des enfants.
Qu’à cela ne tienne : les recommandations sanitaires sont resserrées et le vaccin de rappel est désormais prescrit pour les enfants avant la fin de leur deuxième année. Problème : une nouvelle étude révélée en 2013 montre que les enfants de 2 à 6 ans sont bien plus protégés que ceux de un an. Conclusion : plus le temps est passé, moins les vaccinations ont été respectées. Problème : cela a provoqué une explosion du nombre de cas de rougeole à partir de 2010. Ainsi, en 2009, 1.176 cas avaient été repérés en France, contre… 14.949 en 2011, selon l’OMS.
Mais il n’y a pas que dans l’Hexagone que le vaccin souffre d’un manque de vigilance. Depuis quelques mois, les autorités américaines s’inquiètent d’un risque de recrudescence de la maladie sur son territoire. Ainsi au Texas et en Ohio, des épidémies ont été repérées ces derniers mois. En cause : certaines populations pensent que les vaccins peuvent provoquer des cas d’autisme chez leurs enfants. Les autorités ont d'ailleurs reconnu ce jeudi que le pays connaissait un pic de contamination sans précédent depuis 20 ans.
Poliomyélite : l’éradication ratée. En 1988, l’Assemblée mondiale de la Santé décide pas moins que l’éradication pure et simple de la poliomyélite dans le monde. Ambitieuse, la communauté internationale est rapidement soutenue par l’OMS, l’UNICEF, mais aussi le Rotary International et la Fondation Bill-et-Melinda Gates. Dix ans plus tard, une grande partie du travail a déjà été faite : en 1999, le nombre de cas a été réduit de 95% dans le monde et le nombre de pays touchés de 125 à 30. En 2012, seulement 187 cas ont été détectés.
Mais depuis, le risque de retour de la maladie guette les région du nord du Pakistan et du Tadjikistan où les talibans ont lancé une guerre contre le vaccin qui protège contre la maladie. Ils reprochent à ce dernier de contenir du porc et d’être une arme américaine qui servirait à stériliser les femmes. L’OMS considère que ce sont des centaines de milliers d’enfants qui sont désormais privés du vaccin et redoute 200.000 nouveaux cas de poliomyélite d’ici à dix ans.
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