Dès le début de l’année prochaine, vous n’aurez plus besoin de vous rendre chez le médecin pour vous faire ausculter. Un décret autorise les consultations par internet via des sites spécialisés. Un dispositif qui facilitera la vie des habitants de zones rurales, mais qui inquiète certains médecins généralistes.
Comment se passera une téléconsultation ?
Devant son ordinateur. Il suffira au patient de se connecter à un site spécialisé. Il pourra s’y connecter par email ou alors s’il est équipé, par webcam. Un médecin procédera alors à la consultation en posant une série de questions au patient. Puis enverra par email ou voie postale l’ordonnance si nécessaire, soit au patient directement, soit au pharmacien.
Pourrais-je consulter n’importe quel médecin par Internet ou téléphone ?
Oui. Tous les médecins autorisés à exercer en France pourront réaliser des consultations dans des conditions définies par le décret qui en garantissent le sérieux, précise le texte publié au Journal Officiel.
Quel sera le prix de la consultation ?
On ne le connait pas encore. Le prix de la téléconsultation n’a pas encore été fixé, mais l’objectif est qu’il soit le même que pour une consultation ordinaire, c’est-à-dire 22 euros. Elle sera remboursée à partir du moment où l'agence régionale de santé aura autorisé le médecin à la pratiquer. En ce qui concerne le taux de remboursement, il variera en fonction de démographie médicale. Moins il y aura de médecins dans la zone géographique du patient, plus le remboursement sera élevé.
A qui s’adressent les téléconsultations ?
A tous. Tout le monde aura la possibilité d’avoir recours à la téléconsultation. Mais il est clair qu’elle servira surtout aux populations habitant dans des zones rurales. Une manière de lutter contre la désertification médicale.
Qui sera responsable en cas d’erreur de diagnostic ?
Le médecin. Et c’est là tout le problème, selon Didier Ménard, vice-président du syndicat de médicine générale (SMG). Diagnostiquer un patient par téléphone, c’est une dose de "stress en plus pour le médecin". "Diagnostiquer un bébé par téléphone n’a rien à voir avec une vraie consultation. Au téléphone les parents sont toujours très inquiets, alors que quand on les reçoit, on voit tout de suite si leur enfant est vraiment malade", estime le médecin généraliste.
La téléconsultation existe-t-elle déjà dans d’autres pays ?
Oui. Plusieurs pays l’ont déjà mise ne place. C’est le cas en Suède, en Suisse au canada ou encore en Grande-Bretagne. En France, l’hôpital Georges Pompidou pratique déjà la télémédecine pour le suivi de patients dont les déplacements sont compliqués.
"C’est une médecine qui va se développer avec le vieillissement de la population", explique le professeur Pierre Espinoza :
La téléconsultation remplacera-t-elle le face à face avec le médecin ?
Oui et non. Il y existe deux camps : ceux qui prônent un développement des téléconsultations pour désenclaver les zones rurales. C’est le cas des médecins qui ont fondé des sites de médecine en ligne. Et puis il y a ceux, comme Didier Ménard, qui voit dans les consultations par internet "une déshumanisation de la médecine". Pour ce médecin généraliste, la télémédecine peut-être utile "lorsqu’on assure le suivi d’un patient qu’on connait déjà. Mais pas pour une première consultation avec quelqu’un qu’on n’a jamais vu", précise-t-il. "On va standardiser des interrogatoires pour être au plus près du diagnostic", dénonce-t-il, mais "les médecins ne sont pas des ingénieurs du corps".