Le paradoxe est saisissant : alors que vendredi le Conseil constitutionnel a jugé que la vaccination obligatoire des enfants, imposée en France pour trois vaccins, était conforme "à l'exigence constitutionnelle de protection de la santé", la France fait face à une pénurie de vaccins en pharmacie depuis plusieurs mois. Une pénurie qui pourrait avoir de graves conséquences sur la santé des bébés qui doivent être vaccinés dès l'âge de 2 mois.
Pour le BCG, amélioration en vue. Ce vaccin contre la tuberculose est en rupture de stock dans toutes les pharmacies mais la situation devrait s'améliorer dès le mois de juin.
Les trois vaccins obligatoires introuvables. Alors que le vaccin DTP (diphtérie, tétanos et poliomyélite) est rendu obligatoire par le Code de la santé publique et que le fait de s'y soustraire est réprimé par le Code pénal, ce vaccin combiné est quasiment introuvable depuis des mois. Et le constat est le même pour la coqueluche. Une pénurie potentiellement dangereuse pour les nourrissons en ce qui concerne la coqueluche selon Daniel Floret, le président du Comité Technique des Vaccinations : "les décès par coqueluche concernent les nourrissons de moins de six mois. Donc, si on retarde l'âge de la vaccination, on aura des résurgences importantes de ces maladies avec des risques que formes graves et de décès", met-il en garde.
Une solution de secours. Face à cette pénurie, il ne reste plus sur le marché qu'une seule solution : un cocktail de six vaccins injectés en même temps (diphtérie, tétanos, polio, coqueluche, hemophillus influenzae B, hépatite B). Problème : en France, 10% des familles ne veulent pas vacciner leur enfant contre l'hépatite B.
A qui la faute ? Les laboratoires pharmaceutiques sont en partie responsables de cette pénurie de vaccins : ils privilégient, en effet, la fabrication de la formule à six vaccins. Et pour cause, c'est cette formule combinée qui est la plus vendue à travers le monde : dans le reste de l'Europe, d'ailleurs, tous les nourrissons, ou presque, sont vaccinés ainsi.
Ce n'est pas la seule explication : la résurgence de l'épidémie de coqueluche ces deux dernières années aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et encore en Australie ont mobilisé les labos qui travaillent déjà en flux tendus sur les autres types de vaccin. Le pic des demandes n'a donc pu être absorbé.
Mais certains pointent aussi les pouvoirs publics français : pour beaucoup, le ministère de la Santé ne fait suffisamment pression sur les labos.
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