Changement d'avis. Peu connus du grand public, il existe pourtant depuis dix ans deux vaccins contre certaines gastro-entérites. Le Rotarix et le Rotareq réduisent fortement les risques de contracter le rotavirus, ce virus entraînant les gastro-entérites les plus aiguës, responsables de 14.000 hospitalisations d'enfants par an et d'une quinzaine de morts.
Et, contrairement à deux précédents avis qu'il avait rendus en 2006 et 2010, le Haut conseil de santé publique (HCSP) français vient de préconiser leur utilisation chez les nourrissons de moins de six mois, dans un communiqué paru vendredi. Ou presque, puisque le HCSP conditionne cette recommandation à une baisse des prix des deux vaccins.
>> Pourquoi ce revirement ? Qu'est-ce que cette préconisation va changer ? Décryptage.
Le HCSP, qu'est-ce que c'est ? Il s'agit d'une instance publique chargée de conseiller le ministre de la Santé. En sa qualité d'expert, ses recommandations sont généralement suivies par le gouvernement. Concernant les vaccins, le HCSP donne son avis sur la pertinence d'inscrire un traitement sur le calendrier vaccinal. Et lorsqu'un vaccin y est inscrit, il est systématiquement proposé par les médecins aux parents pour leurs enfants.
80% des hospitalisations évitées avec ces vaccins. Les récentes données concernant l'efficacité et la sécurité du Rotarix et du Rotareq, traitements administrés par voies orales, ont fait changer d'avis le HCSP et l'ont même poussé à s'autosaisir de la question. "Le Haut Conseil de la santé publique a pris en considération l’impact bénéfique, dans les pays industrialisés, de cette vaccination des nourrissons qui réduit le taux d’hospitalisation de plus de 80 %", écrit l'instance dans un rapport pour argumenter sa décision.
En vaccinant trois nourrissons sur quatre, le nombre de gastro-entérites liées au rotavirus diminuerait en effet de deux tiers sur le court-terme et de trois quarts sur le long-terme, selon une étude dévoilée lors d'un récent congrès de l’International Society for Pharmaeconomics and Outcomes Research, à Dublin.
Des risques de plus en plus connus. Le HCSP justifie également ce revirement par "l'évaluation désormais précise du risque de survenue d’invaginations intestinales aiguës post - vaccination, pour les deux vaccins existant". L'invagination intestinale est l'une des causes les plus fréquentes d'occlusion intestinale, et entraîne douleurs, vomissements, arrêt du transit et parfois même de très graves inflammations de l'abdomen.
Or, "ce risque est tout à fait confirmé, mais il est désormais bien circonscrit et il est quand même faible, de l'ordre de 1 à 6 cas pour 100.000 enfants", explique le Pr Daniel Floret, Président du Comité technique des vaccinations (CTV), cité par le site Pourquoidocteur.fr.
Mais ces vaccins sont encore trop chers. Pour l'heure, le Rotarix et le Rotareq s'achètent en pharmacie à prix d'or : respectivement 180 et 230 euros le traitement. Et le HCSP a émis vendredi une recommandation conditionnée à une baisse des prix. Il recommande ce traitement "sous réserve d’une politique tarifaire conduisant à des ratios coût/efficacité acceptables pour ces deux vaccins", peut-on lire dans le communiqué. Ce sera, au final, à la ministre de la Santé Marisol Touraine de juger si les conditions ont bien été respectées ou non. Il reviendra également au comité de transparence de la Haute autorité de Santé (HAS) de déterminer la part de remboursement imputable à la Sécurité sociale.
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