Attention danger. "Les seuils tolérés pour l’exposition au Bisphénol A devraient être divisés par dix". Le verdict du rapport intermédiaire de l’Efsa, rendu public vendredi dernier, est sans appel. L’Autorité européenne pour la sécurité des aliments confirme ainsi la nocivité de cette substance pour l’être humain. Avant d'ajouter plus précisément : "nos experts ont identifié les dangers pour la santé associés à l’exposition au BPA". En l’occurrence, les dangers en question concernent les reins, le foie et la glande mammaire.
Le BPA est déjà sur la sellette mais... Le BPA a déjà été retiré des biberons en 2011 puis des conditionnements alimentaires en 2013 en France. Mais cette substance, reconnue comme un perturbateur endocrinien, est encore présente dans la production d’une soixantaine de secteurs de l’industrie selon l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire et de l’alimentation, de l’environnement et du travail), et ce depuis un demi-siècle. Si le rapport européen final, prévu en mars, venait à confirmer cette première étude qui reste "soumise à un certain nombre d’incertitudes" selon ses auteurs, la question du retrait total de cette substance des produits industriels pourrait être évoquée. La loi française prévoit déjà la disparition du BPA des emballages alimentaires dès le 1er juillet 2015. Une échéance que redoute l’industrie agro-alimentaire.
Des substituts tout aussi nocifs. 73 substituts potentiels ont en effet été recensés par l’Anses. Problème, certains d’entre eux, comme le bisphénol S, semblent tout aussi nocifs. Un argumentaire dont s’emparent les industriels pour conserver l’epoxy, la matière qui recouvre l’intérieur des boîtes de conserves et dont le BPA est un composant. Michel Loubry, directeur général de PlasticsEurope, l’association européenne des producteurs de plastiques déclarait au site Sciences et avenir : "aucun revêtement n’est aussi souple et résistant que l’epoxy". Les trois pistes envisagées pour remplacer l’epoxy (bisphénol S, résines et polyesters thermoplastiques) sont toutes plus coûteuses ou nocives que la première. Pas sûr donc que les industriels acceptent de changer leurs habitudes. Et tant pis si l’opinion publique les met en