"Nous sommes les Christophe Colomb de cette terre inconnue. Il nous reste une carte toute entière à dessiner", confiait le neurobiologiste Pierre-Marie Lledo, lundi matin sur Europe1. La semaine du cerveau s'est ouverte lundi. Et le scientifique le concède : "nous n'en sommes qu'à la préhistoire" en matière de connaissance sur notre prodigieux outil cérébral. Pourtant, la science, petit à petit, en découvre les pouvoirs. Et ils semblent innombrables.
Le cerveau, c'est avant tout cette boite plus petite qu'un ballon de rugby dans laquelle on peut se représenter tout un stade, et plus encore. Mais outre ses facultés cognitives et représentatives, il dispose de pouvoirs dignes des super-héros les plus puissants. Lesquels ? On en a sélectionné trois.
Le cerveau régénère ses cellules… comme Wolverine. C'est une préoccupation bien connue des footballeurs, habitués à taper dans un ballon avec le front : le cerveau peut perdre des cellules. Mais ce que l'on sait moins, c'est que le cerveau peut aussi en créer. Le bulbe olfactif et l'hippocampe, deux zones cérébrales impliquées dans le processus de mémoire et d'apprentissage, ont en effet la capacité de créer des neurones. Et elles confèrent ainsi au cerveau un pouvoir d'auto-régénération digne de celui de Wolverine, ce héros des X-Men dont le squelette et les tissus se régénèrent après une blessure.
"Plusieurs années, plusieurs comics mais un seul Wolverine " #JeSuisBonEnPunchlinepic.twitter.com/1wJBboLKuB— Wolverine (@vveaponXmen) 5 Mars 2014
Mais ce pouvoir nécessite un entraînement soutenu du cerveau. Car pour que l'auto-régénération fonctionne, le cerveau doit sans-cesse aviver sa curiosité, apprendre de nouvelles choses et raisonner avec. "Il y a, à tout âge, un potentiel de créer des neurones. Mais il faut toujours faire face à la nouveauté, toujours s'émerveiller et prendre soin de son cerveau", prévient ainsi Pierre-Marie Lledo, interrogé par Europe1. Un octogénaire peut, en effet, se retrouver avec des neurones plus jeunes qu'un trentenaire.
Le cerveau est un "guérisseur"… comme Xorn. Le cerveau peut régénérer ses propres cellules… mais aussi avoir un effet guérisseur sur l'ensemble de l'individu. Peut-on guérir par la pensée, comme en est capable Xorn, autre personnage issu des X-Men ? Plusieurs expériences montrent que le cerveau est capable de tels exploits. C'est le propre des placebos par exemple, ces médicaments dénués de principes actifs, mais qui guérissent certaines dépressions, allergies voire atténuent la maladie de Parkinson. Le principe ? Le patient ingurgite le placebo, et sa croyance en un médicament stimule certaines zones du cerveau aux vertus bénéfiques. C'est également ce qui se joue lors de certains exercices de méditation, qui stimulent et renforcent les cortex frontal, pariétal et cingulaire, qui contrôlent l'attention.
Cuando pienso como hacer un dibujo me siento como Xorn pic.twitter.com/536XHAg6ON— Danilo Campi (@DKenSama) 30 Mai 2013
Guérir par la pensée, c'est aussi l'espoir des chercheurs spécialisés dans le "biofeedback". Cette technique de stimulation du cerveau consiste à faire baisser la douleur en prenant le contrôle de certaines régions du cerveau, comme le détaille le chercheur français Denis Le Bihan, dans son ouvrage "Le cerveau de cristal" (Odile Jacob, 2012). En clair, on installe le patient dans un appareil IRM. Puis les neurologues mesurent l'activité du cerveau qui régit la douleur. Ils projettent ensuite une flamme sur un écran qui correspond à l'intensité de la douleur. Ils demandent au patient d'éteindre la flamme… et ces derniers y parviennent, selon le récit des expériences de Denis Le Bihan.
"Le potentiel est énorme. Il y a des bugs, comme sur un ordinateur, qu'il est possible de réparer", écrit le chercheur français dans son livre. Les travaux en sont encore au stade embryonnaire, mais les scientifiques ont bon espoir, notamment pour guérir les dépressions.
Le cerveau a un sixième sens… comme Spider-man. Détrompez-vous, le principal pouvoir de l'homme araignée n'est pas de tisser des toiles (ce pouvoir n'existe même pas, il s'agit d'un mécanisme construit de toutes pièces !). Si Spider-man est particulièrement efficace contre les méchants, c'est avant tout parce qu'il dispose d'un "sens d'araignée", un sixième sens lui permettant d'anticiper les actions de ses ennemis.
Une série Ultimate Spider-Man en turbomédia | COMICSBLOG.fr http://t.co/V9tWHMf7TJpic.twitter.com/D97u2FYpxV— COMICSBLOG (@COMICSBLOGFRA) 10 Mars 2014
Mais en réalité, pas besoin d'être une araignée pour avoir de tels pouvoirs. Les humains aussi en sont dotés, même s'il fonctionne (à l'heure actuelle) moins efficacement. "L'homme possède un sixième sens. Vous pensiez qu'il se contentait de voir avec les yeux ? La gravité et son sens du mouvement lui permettent d'appréhender l'espace", explique le neurophysiologiste Alain Bethoz, dans le Point du 6 février 2014.
Au fond du cerveau, se trouve en effet le colliculus supérieur, une structure qui reçoit directement les représentations du monde extérieur passant par la rétine. Cette relation directe permet au cerveau d'appréhender les mouvements et d'orienter les yeux et le corps. Une fonction très utile chez les gardiens de but… mais aussi chez les astronautes, puisqu'elle leur permet de se réhabituer à la gravité une fois les pieds sur terre. "Nous savons aujourd'hui que la perception de la gravité par notre cerveau est un sixième sens au même titre que la vue ou l'ouïe", expliquait déjà Alain Bethoz, en 2008, dans Le Figaro.
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