L’INFO. Le nombre d’avortements était stable en France depuis une dizaine d’année, il est reparti à la hausse en 2013 par rapport à l’année précédente d’après les chiffres publiés récemment par la Direction des Etudes et Statistiques du ministère de la Santé (DREES). En tout, ce sont 207.000 IVG qui ont eu lieu pendant l’année, un chiffre en hausse d’un peu plus de 10.000 par rapport à 2012 (+4,7%). Pour le ministère, "ces chiffres sont provisoires" et il est "trop tôt pour en tirer des conclusions ". Pourtant, sur le terrain, les professionnels confirment avoir constaté une tendance à la hausse.
Un phénomène en région. C'est le cas notamment dans le Nord-Pas-de-Calais où, selon les dernières données de l'Agence Régionale de Santé (ARS), 630 femmes supplémentaires ont avorté en 2013 par rapport à l'année précédente.
Le constat est similaire en Alsace où le professeur Israël Nisand a mesuré une augmentation de 5% des IVG dans son service, au CHU de Strasbourg. C’est dans ses locaux que sont pris en charge plus de la moitié des avortements de la région. “L’augmentation a commencé en février 2013 et s’est poursuivie pendant toute l’année”, constate le professionnel.
Moins de pilule. Et si l’on observe le calendrier, on s’aperçoit que la subite hausse du nombre d’avortements correspond à une polémique qui a beaucoup fait parler dans l’actualité : les risques liés aux pilules de 3ème et 4ème génération.
“Lorsqu’on interroge les patientes, on s’aperçoit que certaines avaient une contraception parfaitement bien tolérée qui a été arrêtée du jour au lendemain du fait de la peur induite par la polémique sur la contraception orale”, confirme Israël Nisand. Plus largement, le phénomène avait été constaté au travers de l'étude "Fécond", réalisée en 2013 par l'Inserm et l'Ined auprès de 4.400 femmes et 1.500 hommes. Selon ses résultats, la contraception orale avait reculé de 10% par rapport à l'année précédente.
Des contraceptions plus “artisanales”. Pour ces professionnels, tout cela ne fait aucun doute, c'est bien la polémique et sa gestion par les pouvoirs publics pendant l'hiver 2012-2013 qui doivent être mises en cause. Selon eux, c’est notamment l’annonce par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, que ces pilules ne seraient plus remboursées qui a provoqué la peur.
“A partir du moment où on dérembourse une contraception, il faut bien imaginer que les femmes ont commencé à s’inquiéter, dénonce Brigitte Letombe, médecin à l’hôpital Jeanne de Flandres à Lille. Il y en a beaucoup qui ont cessé la contraception hormonale pour passer à la méthode Ogino (ne pas faire l’amour pendant la période d’ovulation, ndlr) et le retrait (se retirer avant l’éjaculation, ndlr)”. Le problème, c’est que ces méthodes ne sont pas du tout sûres.
D’autres raisons. Du côté du ministère de la Santé, on précise qu’il ne faut aller trop vite en besogne. Selon lui, il existe d’autres raisons qui peuvent expliquer la légère augmentation du nombre d’IVG. Parmi elles, on cite pêle-mèle la gratuité de l’IVG depuis le mois de mars 2013 et surtout l’augmentation de la rémunération pour les hôpitaux qui la pratiquent.
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