Les docteurs sont vent debout. Ils rejettent la généralisation du tiers payant présent que prévoit la future loi Santé présenté jeudi par Marisol Touraine. À partir de 2017, le patient n'avancera plus l'argent lors d'une consultation. S'ils ne sont pas opposés au tiers-payant pour leurs patients les plus modestes, les médecins ne veulent pas de sa généralisation. Ors d'autres professions médicales appliquent déjà ce système. Europe1.fr a contacté deux kinés et une infirmière libérale pour savoir si les critiques des médecins sont fondées.
Des patients déresponsabilisés ? Interviewé jeudi par Europe1, Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français prévient : "Avec le tiers-payant généralisé, l'acte médical devient gratuit donc dévalorisé. Il est clair que quand on ne paye pas, on a encore plus une attitude consumériste."
Avec le tiers payant, l'acte médical devient-il un du ? Non, répond pour Europe1.fr Annick Touba, infirmière libérale depuis 30 ans et présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux : "Les patients ne sont pas plus déresponsabilisés parce qu'ils ne payent pas. La médecine est déjà un service de toute manière. Et puis, abuser, être déresponsabilisé… c'est un état d'esprit. Il ne faut pas imaginer que du jour au lendemain, tous les patients vont se mettre à mettre à faire des abus sous prétexte qu'ils ont le tiers payant. Ces patients sont minoritaires et ils resteront minoritaires."
De la paperasse en veux tu en voilà ? Avec le tiers-payant généralisé, le médecin demandera le paiement de ses consultations auprès de l'Assurance Maladie et auprès des mutuelles. Une hausse du travail administratif intenable selon les médecins.
Maxime, kiné à domicile en Gironde, reconnaît cette surcharge mais n'en fait pas une montagne : "Tout est informatisé sauf pour quelques mutuelles qui fonctionnent avec les feuilles de soin papier. Si je fais une moyenne, ce travail administratif me prend 30 minutes tous les 10 patients." Aujourd'hui, il existe des regroupements de mutuelles pour gérer les paiements et avec lesquels les kinés ou les infirmières passent des conventions. Mais pour Lionel Jourdon, kiné dans le Pas-de-Calais, ces regroupements sont insuffisants : "Le problème est que comme d'habitude, la loi passe sans que les moyens soient là. Il faudrait créer un seul organisme gestionnaire de paiements qui regrouperait toutes les mutuelles. Avoir un interlocuteur unique faciliterait notre travail administratif." Pour lui, "les craintes des médecins sont justifiées."
Des paiements retardés, voire des impayés ? Les kinés approuvent mais en partie seulement. Après de nombreuses relances auprès des mutuelles, certains paiements peuvent arriver 4 mois après la consultation. Mais aucun des deux kinés n'a du faire face à un impayé définitif. Lionel Jourdon vit cependant dans un petit village et connaît bien ses patients, facile donc de mettre la main sur un paiement qui traîne. Ce sera différent selon lui pour un médecin de grande ville qui doit faire face à un turn over important dans sa patientèle.
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