Les virus hépatiques tuent chaque année 1,4 million de personnes, rappelle l'OMS lundi, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'hépatite. C'est autant que le sida et pourtant, les experts affirment que ces maladies pourraient disparaître si des programmes de lutte plus efficaces étaient mis en place. Aujourd'hui, il existe des traitements et des vaccins qui font leurs preuves. Mais la plupart des personnes concernées ignorent qu'elles sont porteuses du virus.
Autant de morts mais moins de bruit. L'OMS estime que chaque année, plusieurs millions de personnes sont infectées par un des cinq virus hépatique, et plus d'1 million en meurt. Alors que la pandémie du Sida depuis les années 1980 a provoqué un émoi mondial, incitant le monde médical à la recherche, l'hépatite, elle, "est une maladie assez négligée depuis plusieurs années", regrette le Docteur Margaret Chan, directeur général de l'OMS. Mais optimiste, elle observe "qu'un nouvel élan est en train de naître pour la combattre". En effet, en mai 2014, 194 pays ont adopté une résolution pour mieux lutter contre la maladie.
C'est quoi les hépatites ? Une hépatite est une inflammation du foie, causée soit par des virus (nommés de A à E) ou par des substances toxiques (l'alcool). Ce sont les hépatites virales que combat l'OMS.
Les virus hépatiques sont au nombre de cinq. Ils diffèrent selon leur mode de transmission et leur agressivité. Les symptômes sont cependant souvent les mêmes : fatigue extrême, nausées, douleurs au ventre, jaunissement de la peau.
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Des hépatites plus ou moins meurtrières. Les hépatites B et C sont actuellement les plus meurtrières. 90% des personnes décédées d'une hépatite, étaient porteuses du virus B ou C. Ces hépatites sont à l'origine des deux tiers des cancers du foie dans le monde.
Aujourd'hui, les moyens de lutte existent. Des vaccins contre l'hépatite B et E ont été mis au point. Un traitement efficace existe aussi contre l'hépatite C, avec un taux de guérison supérieur à 90%. Mais récemment découvert, il reste difficilement abordable pour tous les malades.
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Des porteurs qui s'ignorent. L'OMS insiste sur l'importance du dépistage. En effet, aujourd'hui, la plupart des personnes qui sont porteuses du virus, l'ignorent. Les symptômes mettent en effet du temps à apparaître, de plusieurs mois à plusieurs décennies selon le virus hépatique. Souvent, le patient apprend son infection lorsqu'une maladie grave du foie se déclare, type cancer. Entre l'infection et sa découverte, la personne peut donc transmettre le virus par voie sanguine (pour l'hépatite C) et/ou sexuelle (hépatite B).
Des donneurs de sang porteurs de l'hépatite E. Ces lacunes en dépistage peuvent avoir des conséquences sur les dons du sang. Une étude publiée lundi dans la revue médicale The Lancet, montre que 1 donneur du sang sur 3.000 en Angleterre est porteur de l'hépatite E. 43 patients ont d'ailleurs reçu du sang infecté par l'hépatite E et 18 ont contracté le virus. L'hépatite E n'est pas grave et se guérit souvent sans traitement.
Pour Jean-Michel Pawlotsky, spécialistes des hépatites virales à l'hôpital Henri Mondor, "un dépistage systématique des dons du sang pour l'hépatite E doit être mis en œuvre dans les régions où le virus est endémique, dont l'Union Européenne, et y compris la France". Un dépistage automatique des dons du sang existe déjà depuis 1991 en France, mais il ne concerne que les hépatites B et C.
S'inspirer de la lutte contre le Sida. Selon l'OMS, "l’expérience acquise par les programmes de lutte contre le VIH dans l’extension de programmes complets de prévention et de traitement, peut être très utile pour définir la réponse à apporter face à l’hépatite virale", a annoncé le Dr Hiroki Nakatani, sous-Directeur général de l'OMS. S'inspirer de la lutte contre le Sida permettrait ainsi d'améliorer l'accès aux médicaments et d'atteindre les populations les plus vulnérables et marginalisées.
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L'OMS a donc lancé de nouvelles lignes directrices concernant le dépistage, la prise en charge et le traitement des hépatites. Elle publie aussi lundi un nouveau manuel de lutte contre les flambées de l'hépatite E, survenant souvent dans des zones de conflits et de désastres humanitaires.