Les patients qui ne suivent pas leurs traitements peuvent coûter cher, très cher. Un meilleur respect des prescriptions médicales par les patients dans six pathologies chroniques permettrait de réaliser au moins 9 milliards d'euros d'économies en une année, affirme dans une étude le cabinet spécialisé en santé IMS Health. Ces pathologies, qui représentent environ le quart des dépenses de médicaments en France, comportent toutes un risque à terme de complications graves.
Risque accru d'AVC. Le cabinet s'est penché, pendant un an, sur près de 6.400 pharmacies, soit un peu plus du quart des pharmacies françaises. Dans le cas de l'hypertension artérielle, qui représente un facteur de risque important dans de nombreuses maladies cardiovasculaires, 60 patients sur 100 ne suivent pas leur traitement correctement. Et s'exposent donc à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC).
Pour être considéré comme "observant", c'est-à-dire respectant sa prescription médicale, un patient doit suivre son traitement à 80% ou plus dans la durée et en terme de doses. Or, dans le cas du traitement de fond de l'asthme, les patients ne sont que 13% à être "observants". Ils sont 36% dans le cas de l'insuffisance cardiaque et 37% dans le cas du diabète de type 2, le plus courant. Pour l'excès de cholestérol, les patients observants ne représentent que 44%, et 52% dans le cas de l'ostéoporose, une maladie qui conduit à la fragilisation osseuse chez les personnes âgées.
4,4 milliards pour l'hypertension artérielle. Tout ceci a un coût : en se limitant à une seule complication par pathologie, le cabinet a évalué le surcoût généré par la non observance à 9,3 milliards d'euros par an pour les six pathologies étudiées. Pour la seule hypertension artérielle, le surcoût engendré par les AVC est évalué à 4,4 milliards d'euros sur un an. Pour arriver à ce chiffre, les auteurs de l'étude se sont basés sur un surrisque d'AVC chez les non observants évalué à 4% par la littérature scientifique.
Et encore, les chiffres de l'étude ne sont qu'une "estimation prudente qui ne tient compte que des coût médicaux directs et n'inclut ni la rééducation, ni les arrêts de travail", selon Stéphane Sclison, le directeur de la stratégie d'IMS Health. Quant à l'observance constatée, elle est basée uniquement sur les prescriptions honorées par les pharmaciens : elle ne tient donc pas compte des médicaments achetés mais non consommés par les patients. Quant aux économies qui pourraient être réalisées, elles doivent être comparées au surcoût engendré par une meilleure observance du traitement (de l'ordre de 3 milliards d'euros pour un taux d'observance de 80%).