Les Français n’ont pas la main légère sur le sel. C’est le constat de l'étude NutriNet-Santé et dont les résultats préliminaires ont été publiés lundi. Sur la base de 140.000 enquêtes alimentaires analysées, les apports moyens en sel ont été évalués à 8,4 grammes par jour. C’est beaucoup trop !
Le chiffre est plus élevé chez les hommes (9,2 grammes par jour) que chez les femmes (7,6 grammes par jour). Et 36% des femmes et 67% des hommes ont des apports en sel supérieurs à 8 grammes par jour, niveau maximal que la France s'était fixé pour 2008.
Pourquoi éviter de consommer trop de sel ?
Les spécialistes de la nutrition conseillent de consommer entre 5 et 8 grammes de sel par jour. Et mieux vaut éviter de trop ingurgiter ce condiment. Car le sel favorise l'hypertension artérielle, elle-même facteur de risque de maladie cardiovasculaire et d'accidents vasculaires cérébraux.
Attention, il ne s’agit pas de stopper totalement l’absorption de sel. Car le sodium est un élément minéral indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Trop peu de sel contraint le corps - et particulièrement les reins et le système neuroendocrinien de régulation - à fonctionner dans des conditions intensives pour récupérer un maximum de sel.
Le pain en accusation
La main lourde sur la salière ne serait pas seule à l’origine de cette forte dose de sel dans notre corps, puisqu'elle ne représente que 10% des apports en sel. Mais certains aliments sont plus sensibles au sel que d’autres. Selon l'étude NutriNet-Santé, c'est même le pain qui est épinglé - il contiendrait 25% de nos apports journaliers en sel.
L'idée est donc d'agir sur la filière. "C’est vrai que les boulangers ont fait des efforts. Des recommandations ont été faites, mais elles n’ont été suivies que partiellement", explique le professeur Hercberg, coordinateur de l'étude NutriNet-Santé. "Donc aujourd’hui se pose le problème de comment aller plus loin soit pour inciter, soit éventuellement pour réglementer si nécessaire, de manière à garder la qualité nutritionnelle de pain, garder le fait qu’on le recommande dans le programme national nutrition-santé, mais sans avoir les inconvénients d’un excès d’apport de sel."
Des aliments à éviter
Outre le pain, il est conseillé d’éviter de consommer en trop grande quantité de la charcuterie (12,5%), des plats préparés (12,5%), du fromage (8,1%) ou encore des légumes (6,8%).
Les besoins en sel varient en fonction de l’âge, du poids, de l’activité physique ou encore l’état de santé de chacun. Mais selon l’enquête NutriNet-Santé, les trois-quarts du sel consommé proviennent directement des aliments et un quart est ajouté par le consommateur pendant la cuisson ou pendant le repas.
Des chiffres en baisse
Les premières conclusions de l'étude NutriNet-Santé sont toutefois confiantes pour l’avenir, comme le précise Serge Hercberg de l’Inserm et qui coordonne le programme Nutrinet-Santé : "Globalement, il y a une évolution plutôt favorable : on est passé de 10 g/j en 2000 à 8,4 grammes par jour". "Malheureusement, il reste encore une grande partie de la population qui a un excès de consommation de sel".
Lancée le 11 mai 2009, l'étude Nutrinet-Santé, programmée sur cinq ans, a comme objectif de recruter un demi-million de "nutrinautes" acceptant de répondre, sur internet, à des questionnaires sur leur alimentation, leur activité physique, leurs poids et taille, leur santé. 160.000 se sont déjà inscrits 18 mois après son lancement.