Le 13 novembre dernier, le personnel hospitalier était déjà descendu dans la rue pour réclamer plus de moyens. Actuellement, ce sont des enfants qui risquent d'en pâtir, car la prise en charge des cas de bronchiolite en région parisienne est défaillante. Depuis plusieurs semaines, faute de lits disponibles et surtout de personnel pour rouvrir ces lits, les équipes de régulation du Samu d’Île-de-France ont dû envoyer des enfants à plusieurs centaines de kilomètres de Paris, à Amiens, Rouen, Reims et Lille. Avec des risques pour ces enfants.
22 transferts d'enfants vers la province
"En 30 ans, je n’ai jamais vu une situation aussi tendue avec autant de lits fermés", témoigne ainsi Noëlla Lodé, représentante des 5 SMUR pédiatriques en Île-de-France, qui, depuis le début de l’épidémie de bronchiolite mi-octobre, a dû transférer 22 enfants vers des hôpitaux de province. Contre 3 pour toute l’année dernière.
Elle dénonce une situation intenable alors même que le pic de l’épidémie n’a pas été atteint. "On est quand même en France ! Et on est obligés de faire un tas de solutions de bricolage. Pour éviter les transferts en province, on met les grands enfants dans des réanimations d’adultes qui n’ont pas l’habitude de certaines pathologies chroniques spéciales à l’enfant. Et en tant que médecin, d’entendre dire d’utiliser des solutions dégradées, ça me semble inadmissible", ajoute-t-elle.
Des mesures insuffisantes
Des plans B, Stéphane Dauger, responsable de l’unité réanimation pédiatrique à l’hôpital Robert-Debré à Paris, en trouve tous les jours. Mais il redoute le pire : "La situation est tellement exceptionnelle qu'effectivement, on le ressent quand on discute avec les personnels. Ils craignent de faire une bêtise, de rater une surveillance."
Après une réunion en urgence lundi dernier avec la ministre de la Santé, trois lits ont rouvert à l’hôpital Necker. "Une mesure largement insuffisante" pour tous les spécialistes pédiatriques interrogés. Les chefs de service de l'hôpital Necker regrettent par ailleurs de ne pas être crus, puisque le ministère de la Santé a demandé dans le même temps l'ouverture d'une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur la situation dans ce service de réanimation pédiatrique.