Quelques centaines de personnes se sont rassemblées à Paris et à Lyon vendredi pour défendre le remboursement de l'homéopathie par la Sécurité sociale, auquel la Haute autorité de santé (HAS) préconise de mettre fin dans un avis rendu le même jour.
À l'appel du collectif "MonHoméoMonChoix", près de 400 personnes se sont rassemblées devant l'Hôtel de Ville de Lyon. La plupart étaient des salariés du numéro un de l'homéopathie, Boiron, qui a son siège en région lyonnaise. Nombre d'entre elles étaient venues dans des bus affrétés par leur employeur. Au même moment, à Paris, une centaine de salariés de Boiron, de médecins homéopathes et de patients étaient rassemblés sur l'esplanade des Invalides.
✊ En famille, entre amis et collègues, Lyon se réunit pour se mobiliser pour le maintien du remboursement de l’#homéopathie !
— Mon Homéo Mon Choix (@HomeoMonChoix) 28 juin 2019
Pour donner de la voix, signez la pétition https://t.co/t39BGEYHJ2pic.twitter.com/hTwJryqcbX
"Homéo, remboursez !", "L'homéopathie pour tous, tous pour l'homéo", scandent les manifestants, en casquette et t-shirts blancs fournis par le laboratoire, derrière des lettres en grand format reprenant le slogan "Mon homéo, mon choix".
"On touche à la liberté de choisir ses soins"
La Haute Autorité de Santé a jugé l'"efficacité" de l'homéopathie "insuffisante" et préconisé la fin de son remboursement. "L'homéopathie soigne quotidiennement des millions de Français depuis 200 ans, son efficacité n'est plus à prouver", a souligné la directrice de Boiron France Anabelle Flory-Boiron, estimant que le déremboursement "ne se tient pas, d'un point vue de santé et économique".
La décision de la HAS "touche la liberté de choisir ses soins", déclare Françoise, 71 ans, un tube de granules "contre la chaleur" à la main, qui "se soigne à l'homéopathie depuis 40 ans." "Ces patients paient leurs impôts comme tout le monde. Ils ont droit à la solidarité nationale", renchérit Vincent Morault, dirigeant de Boiron et organisateur du rassemblement parisien. "J'ai peur qu'avec un déremboursement, l'homéopathie soit réservée aux personnes privilégiées", s'inquiète de son côté Daniel Berthier, médecin homéopathe retraité.
Le soutien de Gérard Collomb
Des membres du collectif ont été reçus par le maire de Lyon Gérard Collomb, qui a déjà exprimé son soutien à Boiron, craignant la perte de 1.000 emplois en cas de déremboursement. L'ancien ministre de l'Intérieur a ensuite annoncé via son compte Twitter avoir "pris l'engagement de solliciter" la ministre de la Santé Agnès Buzyn "pour qu'aucune décision ne soit prise sans étude complémentaire de santé publique".
J’ai pris l’engagement de solliciter Madame la Ministre de la Santé @agnesbuzyn pour qu’aucune décision ne soit prise sans étude complémentaire de santé publique.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 28 juin 2019
La décision du gouvernement pourra prendre "quelques jours ou quelques semaines", selon Agnès Buzyn, qui a affirmé à plusieurs reprises qu'elle suivrait l'avis de la HAS pour la décision finale. L'an dernier, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur un total d'environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés. Le collectif MonHomeoMonChoix avance un coût de 86 millions d'euros, en prenant en compte la franchise de 50 centimes appliquée à chaque médicament vendu.