Le mot addiction renvoie principalement à la nourriture, à la cigarette ou encore l'alcool. Pourtant, elles se déclinent sous de nombreuses formes, comme l'explique le professeur Laurent Karila, professeur de psychiatrie et addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif qui sort son livre On n'a qu'une vie, paru aux éditions Fayard. Il détaille ce mardi les origines des addictions et comment en détecter une dans Bienfait pour vous sur Europe 1.
Les addictions comportementales existent-elles ?
Laurent Karila : "Oui ! Il y a par exemple l'addiction à l'exercice physique avec des comportements qu'on appelle la bigorexie. C'est l'inverse de l'anorexie. La bigorexie, c'est de vouloir sculpter son corps sans cesse. Je vais prendre des stéroïdes, etc. C'est une addiction où on se fait mal, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de plaisir et qu'on doit courir. On doit soulever de la fonte, ne sais pas stopper, etc. Mais il n'y a plus de plaisir."
Qu'est-ce que l'addiction au sexe ?
"L'addiction sexuelle, c'est une maladie. Le sexe est utilisé comme un support addictif, addictogène. Donc, il n'y a plus de plaisir avec le sexe. Et après, il y a toute cette courbe de sexualité. Personne n'a le même type de sexualité. Il y a les asexuels, les iposexuels et il y a les hypersexuels."
Comment savoir si l'on est "addict" ?
"Il faut au moins 12 mois, avec cinq fois la lettre C. Premier C, 'perte de contrôle'. Deuxième C, un usage compulsif dont on ne peut pas s'empêcher. Troisième C, le craving, une envie à crever de le faire. Vous voyez le fumeur qui reste coincé pendant deux heures dans une pièce. Dès qu'il sort vite, il va s'allumer une clope. Le quatrième C, c'est un usage chronique, c'est à dire que c'est une maladie qui est régulière. Et le dernier C, ce sont les conséquences sur la vie personnelle, psychique et physique."
Que se passe-t-il lorsque l'on cède à la tentation ?
"Ça va dans le cerveau. Ça va entraîner une activation du circuit de récompense. Qu'est-ce que le circuit de récompense ? C'est comme quand j'ai faim, je mange. Il y a un massage, je vais me faire masser. Ça va me faire du bien. Je sais dans mon cerveau que ça me fait du bien. Donc je vais continuer. Il y a plein de messages et de neurotransmetteurs qui vont interagir."