Agnès Buzyn a dévoilé lundi une première salve de mesures pour "améliorer la situation" de services d'urgence "en surchauffe", en attendant une deuxième série d'annonces la semaine prochaine. Elles consistent en une "admission directe" pour les personnes âgées et la "vidéo-assistance" dans tous les Samu. "On a besoin de trouver une solution de fond, pas juste de soigner le symptôme, cette fièvre ressentie au niveau de l'activité des urgences", a-t-elle déclaré lors d'une visite au CHU de Poitiers.
Une forme de "bonus" dans les hôpitaux
Depuis bientôt six mois, un mouvement de grève inédit s'est étendu à près de la moitié des services d'urgences du secteur public - 233 selon le collectif Inter-Urgences qui en est à l'origine, 195 selon le ministère de la Santé. En déplacement dans un établissement qui a "fait preuve d'inventivité" pour "lever un peu les tensions", Agnès Buzyn a annoncé une batterie de "mesures qui fonctionnent, qui sont consensuelles (et) remontées du terrain" dans le cadre de la mission confiée en juin au chef du Samu de Paris, Pierre Carli, et au député (LREM) de Charente Thomas Mesnier.
Pour "réduire au maximum les passages des personnes âgées" aux urgences, elle entend ainsi généraliser "des filières d'admission directe", promettant à la clé "une incitation financière, une forme de bonus aux hôpitaux qui (les) mettront en place". La ministre souhaite également développer "une vidéo-assistance entre les Ehpad et le Samu", pour éviter des hospitalisations en cas de "pathologies bénignes".
De nouveaux actes pour les personnels paramédicaux
Elle entend par ailleurs s'appuyer sur les médecins libéraux : les Samu seront autorisés à envoyer une ambulance vers un cabinet de ville ou une maison de santé, où pourront être réalisés une consultation et certains examens médicaux sans avance de frais, pour que les patients y "trouvent le même avantage qu'à aller aux urgences".
Les personnels paramédicaux des urgences auront en outre le droit de "faire des gestes qu'ils ne peuvent pas faire aujourd'hui", comme "prescrire de la radiologie (ou) faire des sutures", ce qui leur permettra de toucher une "prime de coopération" de 80 euros net par mois. À plus long terme, le nouveau métier d'infirmier de pratique avancée, avec des compétences élargies, sera étendu à la spécialité "urgences", avec de premières formations à partir de l'automne 2020, et de premiers soignants diplômés en 2022.