Le choc anaphylactique, une réaction allergique violente à un aliment, un médicament ou à une piqûre de guêpe, d'abeille ou de frelon reste très mal connu des Français alors qu'il est potentiellement mortel, selon une étude Ifop rendue publique vendredi.
30% des Français allergiques. "C'est une réaction imprévisible qui peut tuer en 5 à 30 minutes si elle n'est pas traitée immédiatement", souligne le Dr Pascal Demoly, pneumo-allergologue au CHU de Montpellier. Interrogés cet été par l'Ifop, 76% des Français ont admis ne pas savoir ce qu'était précisément un choc anaphylactique alors même que le nombre de personnes souffrant d'allergies est passé de 4 à 5% de la population dans les années 1960 à environ 30% aujourd'hui. Parmi ces allergies figurent les allergies alimentaires (œuf, lait, arachides, fruits à coque, fruits de mer...) qui ont été multipliées par deux au cours des 10 dernières années et qui seraient responsables de 30% des réactions anaphylactiques sévères, selon l'Académie européenne d'allergie et d'immunologie clinique (EAACI).
Urticaire et œdème. Les autres causes incluent les piqûres d'hyménoptères (responsable d'environ la moitié des cas et de 20% des décès), les médicaments (antibiotiques, anesthésiques, produits de contraste pour l'imagerie médicale) et le latex. Les signes d'alarme peuvent être un urticaire sur n'importe quelle partie du corps, un œdème de la gorge ou de la bouche, des difficultés à déglutir, respirer ou parler, des nausées et vomissements ainsi que des douleurs abdominales.
"Risque potentiel" pour 50.000 personnes. En cas de choc, le seul traitement efficace disponible est l'injection d'adrénaline intramusculaire, mais comme le montre l'étude Ifop, les auto-injecteurs (ou stylos) d'adrénaline restent assez peu utilisés : seulement 15% des personnes qui ont déjà fait un choc ou dont un proche en a été victime, ont en permanence ce traitement sur eux. Selon Véronique Olivier, présidente de l'association française pour la prévention des allergies (Afpral), environ 500.000 personnes vivent en France avec "un risque potentiel d'anaphylaxie".
Aucun chiffre officiel n'est disponible sur le nombre de cas annuels ni sur les décès des suites d'un choc anaphylactique qui "ne peuvent pas être répertoriés comme tels" dans la classification internationale, souligne le Dr Demoly. Il évalue pour sa part les décès à une cinquantaine par an en France. Pour prévenir les réactions allergiques violentes, les médecins incitent les personnes à risque à consulter un spécialiste pour identifier les allergènes en cause et éviter leur contact.