Près de sept mois après l'entrée en vigueur du déremboursement de quatre médicaments anti-Alzheimer jugés inefficaces, l'association France Alzheimer dénonce une "décision dangereuse".
Aggravation des symptômes après l'arrêt des traitements, augmentation des dépenses : le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, jugés inefficaces, a eu des conséquences néfastes pour les malades, a assuré jeudi l'association France Alzheimer, près de sept mois après son entrée en vigueur. "Les familles sont démunies et cette décision dangereuse n'a fait qu'accroître leur détresse financière, psychologique et médicale", dénonce l'association dans un communiqué.
"Un intérêt médical insuffisant". Ces quatre médicaments (Aricept, Ebixa, Exelon et Reminyl) ne sont plus remboursés depuis le 1er août, alors qu'ils l'étaient auparavant à hauteur de 15%. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait pris cette décision sur la base d'une évaluation par la Haute autorité de santé (HAS). En octobre 2016, la commission de transparence de la HAS, qui évalue les traitements en vue de leur remboursement, avait jugé que tous ces médicaments avaient "un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge". Elle pointait aussi "l'existence d'effets indésirables potentiellement graves".
France Alzheimer contestent les conclusions de la HAS. Ces conclusions sont contestées par l'association France Alzheimer et maladies apparentées. "Proches aidants comme personnes malades attestent de l'efficacité de ces médicaments et de l'effet catastrophique d'une interruption brutale du traitement", affirme France Alzheimer, qui se base sur une consultation de plus de 2.500 personnes (2.463 aidants et 84 malades).
En outre, "l'arrêt du remboursement implique une augmentation alarmante du reste-à-charge pour les familles", fait valoir l'association. "Aucun moyen financier supplémentaire pour la recherche, pour le développement de structures et dispositifs de prise en soin, ni même pour la mise en place de solutions de répit pour les aidants n'a été évoqué par les pouvoirs publics", déplore-t-elle.
Une étude clinique sera financée. L'association ajoute qu'elle va financer "une étude clinique à hauteur de 200.000 euros". "Elle étudiera pendant 3 ans, sur une importante cohorte de patients à un stade léger ou modéré de la maladie, l'impact sur les capacités cognitives de la prise quotidienne du Donépézil (générique de l'Aricept, ndlr) comparé à celui de la prise d'un placebo", selon France Alzheimer. Elle espère pouvoir prouver ainsi l'efficacité du traitement.