Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes. Pour Anna, 41 ans, la maladie a frappé en 2015. Si elle n'a pas eu à passer par de la chimiothérapie, Anna a subi une ablation du sein malade. Une épreuve, pour elle et sa famille, comme elle le confie chez Olivier Delacroix mardi.
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"À 38 ans, quand on vous parle de 'gentil cancer' et d'ablation du sein, on a un peu de mal à accueillir la nouvelle. Aujourd'hui, je comprends totalement ce terme de 'gentil cancer' qui a été utilisé pour parler de ma maladie. Dans mon cas, il a 'suffi' de m'enlever le sein pour guérir. Je n'ai pas eu besoin de chimiothérapie ou de radiothérapie.
On ne peut pas se préparer à ça. Le mot cancer est terrifiant. On bascule dans un monde inconnu où on ne maîtrise rien et où on ne sait pas ce que l'on va devenir. Le plus important pour moi, c'était qu'on me guérisse, peu importe le prix à payer. Je ne me suis donc pas attardée sur ce que l'on allait m'enlever, mais plutôt sur ce que l'on allait me mettre à la place. Je n'ai eu qu'un traitement chirurgical, donc j'ai subi trois opérations en six mois. On m'a d'abord enlevé la tumeur, ensuite le sein et on me l'a remplacé par un expandeur - une poche qu'on va remplir petit à petit de sérum physiologique pour permettre au corps de s'adapter à la pose d'une prothèse. Et enfin, on m'a posé ces deux prothèses, l'une pour remplacer le sein malade, l'autre pour équilibrer la différence de taille avec le premier.
Le mental est très important : c'est la vie. C'est facile à dire, mais on n'est pas tous égaux face à cela. C'est plus aisé quand on a le soutien de la famille, des proches, de notre entourage, même des équipes soignantes. Ce n'est pas toujours le cas.
"Je n'oublie pas ce par quoi je suis passée"
Quand on se fait enlever un sein, on se fait aussi enlever le mamelon dans la plupart des cas. Cela a été mon cas. Ensuite, on m'a donc tatoué un mamelon, à plusieurs reprises, mais sans jamais qu'il me convienne complètement : il a été trop grand, trop clair, trop petit, pour finir par disparaître en partie. On était en 2016 et j'avais du mal à croire que ce soit si difficile à obtenir et que cela suscite si peu d'intérêt. J'ai commencé à travailler sur le sujet et à me rendre compte que je n'étais pas la seule à rencontrer des difficultés avec le tatouage d'un mamelon. Alors c'est devenu comme une évidence : j'allais faire ce qu'il fallait pour devenir tatoueuse et me spécialiser dans le tatouage réparateur.
Je n'oublie pas ce par quoi je suis passée. Mon corps me le rappelle tous les jours, ça m'aide aussi à me souvenir de la valeur des choses, à relativiser et à profiter un peu plus consciemment de la vie. Aujourd'hui, je suis guérie donc je vais bien. Je suis très amoureuse, ma famille va bien et mon projet professionnel grandit de jour en jour."