La Dépakine est sur la sellette. La ministre de la Santé Marisol Touraine a "saisi" l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour ouvrir une enquête sur ce médicament anti-épileptique. Commercialisé sous le nom de Dépakine, ce médicament à base de valproate sert à traiter l'épilepsie. Et lorsque ce traitement est pris pendant la grossesse, les risques de malformation pour le bébé sont accrus. Une mère de famille a porté plainte fin mai auprès du procureur de la République de Paris. Une procédure qui a alarmé l'Agence du médicament (ANSM), laquelle a décidé dans la foulée de durcir les conditions de prescription de ce médicament.
Un rapport rendu au mois de septembre. "J'ai saisi l'Inspection générale des affaires sociales sur ce médicament anti-épileptique, la Dépakine, qui a été administré à des femmes avec un risque pour leur santé, en particulier pour les femmes enceintes", a dit à la presse la ministre en marge de l'inauguration du nouveau siège de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), confirmant une information du Figaro. "L'Igas me remettra son rapport a la fin du mois de septembre", a précisé la ministre.
Des recommandations à destination des médecins. "A partir de là nous verrons comment renforcer les mécanismes d'information ou réfléchir aux recommandations de prescription de ce médicament".
"L'enjeu est de nous assurer que les informations qui existent à destination des professionnels comme des patients ont bien été utilisées et répondent bien au dernier état de la science, c'est-à-dire que l'information apportée aux médecins, aux patients correspond bien au dernier état des connaissances que nous avons sur l'impact sanitaire de ce médicament", a-t-elle dit. Il s'agit aussi de savoir si les médecins disposent de toute l'information nécessaire pour éviter les risques à leurs patients, a-t-elle relevé.
Des risques de syndromes autistiques. "Le valproate (et dérivés) est un principe actif aux effets tératogènes connus qui expose à un risque élevé de malformations congénitales", rappelait fin mai l'agence sanitaire sur son site. Cette molécule, autorisée depuis les années 1960, expose en effet les bébés à un risque de malformations dans un cas sur dix. Autre séquelle : 30 à 40% des enfants auraient de lourds retards pour apprendre à marcher ou à parler. Et un risque cinq fois plus fréquent d'autisme.
Les scientifiques s'inquiètent depuis le début des années 1980 de ces risques. Et pourtant, de nombreuses femmes enceintes, notamment celles souffrant d'épilepsie, ont continué à en prendre, sans être concrètement informées, comme Nathalie Soyer. A ce jour, 300 familles se disent prêtent à entamer un combat contre le laboratoire Sanofi, mais aussi contre l'Etat, notamment pour non-signalement d'effets indésirables.
Ecoutez la chronique d'Anne Le Gall sur la Depakine :
Un médicament contre l'épilepsie mis en causepar Europe1fr