D'un département à l'autre, on opère parfois quatre fois plus pour la même maladie

Quatre fois plus de patients sont opérés de l'appendicite dans la Nièvre qu'en Martinique. © ASIF HASSAN / AFP
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avec AFP , modifié à

La fréquence d'une opération chirurgicale donnée varie considérablement d'un département à l'autre, montre un Atlas publié jeudi par le ministère de la Santé. 

La fréquence d'une opération chirurgicale donnée varie considérablement d'un département à l'autre, montre un Atlas publié jeudi par le ministère de la Santé, qui invite les professionnels de santé à s'interroger sur leurs pratiques et à chercher les causes de ces disparités.

Des variations du simple au double. Entre l'Indre et le Nord, la fréquence des opérations de la thyroïde varie du simple au double, témoigne par exemple cet "Atlas des variations de pratiques médicales", premier du genre en France, qui répertorie la fréquence de 11 opérations communes. L'objectif : "évoluer vers des pratiques plus homogènes" et permettre aux patients "d'opérer des choix éclairés", expliquent le ministère et l'Assurance maladie.

Le plus gros écart pour l'opération du canal carpien. L'opération qui enregistre le plus gros écart est celle du syndrome du canal carpien - affection qui se caractérise par des fourmillements et parfois des douleurs intenses dans les trois premiers doigts de la main (pouce, index et majeur). En 2014, 143.744 hospitalisations ont eu lieu pour cette chirurgie, soit un taux national de 220 pour 100.000 habitants, montre l'Atlas, qui utilise les chiffres du "Programme de médicalisation des systèmes d'information" (PMSI). Mais ce taux varie de 66 pour 100.000 habitants dans le département de La Réunion à 386 dans celui de la Meuse, soit près de six fois plus.

Appendicectomie, prothèse du genou et ablation bénigne. Concernant la chirurgie de l'appendicite, une opération dont le nombre a fortement diminué depuis les années 1980, on y recourt en moyenne 4 fois plus dans la Nièvre qu'en Martinique, note l'Atlas. Des fortes différences apparaissent également pour l'ablation de tumeurs bénignes de la prostate et pour la pose d'une prothèse du genou. Pour la prostate, le taux est de seulement 145 pour 100.000 habitants dans l'Ariège mais grimpe à 323 en Savoie. Pour la prothèse du genou, le taux dans les Vosges est 3,5 fois plus élevé qu'en Guyane.

Un signe d'inégalité d'accès aux soins. Si les auteurs soulignent qu'il faudra analyser plus précisément ces résultats pour en comprendre les causes, ils avancent que "l'existence de variations entre départements pour des traitements efficaces cliniquement, comme la chirurgie de la fracture de hanche, peut être une indication de l'inégalité d'accès aux soins, si les taux de recours sont associés aux conditions socio-économiques".

"En revanche, les variations concernant des interventions chirurgicales dont l'efficacité reste incertaine pour certains patients reflètent aussi les choix différents des patients et des cliniciens ainsi que la diversité d'offre de soins. Comprendre les causes de ces variations et en vérifier la justification est indispensable pour assurer la qualité, l'efficience et l'équité des soins fournis", ajoutent-ils.