Autre conséquence du Covid-19 et du confinement, les malades chroniques ont eu tendance à cacher, à enfouir leurs symptômes, de peur d'aller à l'hôpital et d'attraper le nouveau virus. Ce phénomène a entraîné des retards de diagnostics chez certains patients, et la communauté médicale s’attend désormais à une surmortalité chez les malades du cancer. Sur Europe 1 mercredi, Jean-Yves Blay, professeur de cancérologie et président de la fédération Unicancer, enjoint les patients atteints de cancer à venir consulter rapidement.
>> EN DIRECT - Coronavirus : suivez l'évolution de la situation
"Venir dans un hôpital n'est pas associé à un risque accru"
Tous les centres de cancer mais aussi les hôpitaux ont enregistré une baisse des consultations pendant la crise sanitaire. Pourtant, comme le rappelle Jean-Yves Blay, "dans tous les types de cancers, on va pouvoir observer des formes relativement indolentes qui poussent rapidement, et d'autres qui évoluent de manière très rapide". C'est dans les deux cas "qu'on craint d'avoir un effet péjoratif du délais" et "c'est pour les deux qu'il faut désormais consulter sans délais", prévient-il.
Près de trois semaines après la fin du confinement, ce qui inquiète encore davantage les cancérologues, c’est que les nouveaux patients ne se bousculent toujours pas pour revenir. Dans les cabinets, les rendez-vous reprennent mais timidement. Pourtant, dans cette période post-confinement, "le risque de contamination par le virus est très faible", assure Jean-Yves Blais. "Venir dans un cabinet médical, dans un hôpital, n'est pas associé à un risque accru", ajoute-t-il.
"Il y a du risque à différer les consultations"
Selon lui, c'est même probablement le contraire car les mesures barrières ont été "mises en oeuvre très tôt dans les centres de lutte contre le cancer en particulier", car on sait que ce sont des patients particulièrement fragiles. "Il n'y a pas de risque à venir mais il y a du risque à attendre et à différer les consultations auprès des médecins traitants, des radiologues ou des médecins spécialistes pour procéder au diagnostic", insiste-t-il.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Première soirée déconfinée au restaurant : "On a l’impression de revenir trois mois en arrière"
> Crise économique : "Il va y avoir deux chocs, un sur le chômage et un pour les jeunes"
> Comment distinguer des allergies du coronavirus ?
> Peut-on attraper le coronavirus dans un avion ?
> Coronavirus : les 5 erreurs à ne pas commettre avec votre masque
Le mot d’ordre des cancérologues est donc très simple : "venez consulter." Si vous avez le moindre symptôme, le moindre doute, surtout n’attendez pas et prenez rendez-vous avec votre médecin traitant ou avec un spécialiste.
Entre 6.000 et 8.000 décès supplémentaires liés au cancer ?
Le nombre de coloscopies pratiquées pendant le confinement pour détecter le cancer du côlon a ainsi chuté de 80%. Et comme l’explique Jean-Yves Blay, ces retards de diagnostic ne seront pas sans conséquences. "Pour la quasi-totalité des cancers le retard de prise en charge thérapeutique est associé à une augmentation du risque de rechute et de décès lié à la maladie, ce qui a déjà pu être constaté par le passé."
Ce médecin évoque ainsi entre 6.000 et 8.000 décès supplémentaires liés au cancer. S’il ne s’agit pour l’instant que d’estimations, des chiffres sont en cours de collecte dans tous les centres de cancer. Dans les prochaines semaines, les autorités sanitaires pourront mesurer avec plus de précision ces risques de surmortalité liés au cancer.