La commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides a appelé mercredi les membres de l'UE à se coordonner et à "parler d'une seule voix" sur le vaccin AstraZeneca contre le coronavirus, dont plusieurs pays ont restreint l'usage, afin de ne pas nourrir la défiance. "Il est essentiel que nous suivions une approche coordonnée (...) Nous devons parler d'une seule voix à travers l'UE afin de conforter la confiance du public dans la vaccination", a-t-elle indiqué dans un tweet, avant de s'exprimer devant les ministres européens de la Santé.
Ces derniers étaient réunis en fin de journée mercredi pour examiner les conclusions de l'Agence européenne des médicaments (EMA) confirmant le lien entre le vaccin AstraZeneca et de rares cas de caillots sanguins. Le régulateur européen a cependant affirmé que les bénéfices du vaccin du laboratoire suédo-britannique l'emportent sur les risques, et qu'aucun facteur de risque spécifique, comme par exemple l'âge, n'avait été identifié.
Des restrictions d'utilisation en France, Allemagne et Belgique
Pour autant, plusieurs Etats européens ont déjà décidé de restreindre son utilisation selon des critères d'âge, variables d'un pays à l'autre. "Les décisions sur les campagnes nationales de vaccinations, sur les personnes à vacciner avec quel vaccin, cela dépend de vous", c'est-à-dire de chaque Etat membre, a lancé Stella Kyriakides aux ministres, tout en réclamant une approche concertée de sorte à "ne pas plonger les citoyens dans la confusion", selon son discours consulté par l'AFP.
La semaine dernière, l'Allemagne a déconseillé l'usage du produit pour les plus jeunes, le réservant aux plus de 60 ans. En France, la Haute autorité de santé a recommandé de le réserver aux personnes de 55 ans et plus. Mercredi soir, après l'avis de l'EMA, la Belgique a annoncé le réserver également pour les plus de 55 ans.
Une défiance envers la vaccination
Les informations sur d'éventuels effets secondaires graves, même rarissimes, ont contribué à nourrir la défiance des publics sollicités pour la vaccination, dont une partie boudent les centres proposant les doses AstraZeneca ou se tournent vers d'autres vaccins disponibles.
La ministre portugaise de la Santé, Marta Temido, dont le pays assure depuis janvier la présidence tournante de l'UE, a également lancé un appel à une meilleure coordination européenne sur l'utilisation du vaccin AstraZeneca. "Il s'agit d'une décision technique, pas d'une décision politique. Nous devons continuer de suivre les meilleures informations scientifiques fournies par l'EMA et ses avis. Nous ne devons pas oublier que des décisions individuelles affectent tout le monde", a-t-elle martelé.
"Le monde nous regarde"
Les restrictions imposées par certains Etats membres sont, de fait, de nature à accroître la pression sur les pays voisins pour qu'ils adoptent des mesures semblables. "Le monde nous regarde, et nous devons garder à l'esprit que le vaccin d'AstraZeneca est le principal vaccin qui est exporté vers les pays à bas et moyens revenus", s'est par ailleurs inquiétée Stella Kyriakides dans son adresse aux ministres.
Pour autant, "l'expérience avec AstraZeneca montre que notre système de pharmaco-vigilance fonctionne", en faisant remonter auprès du gendarme européen les signalements de thromboses chez les personnes vaccinées, a observé la commissaire.