C'est un sujet extrêmement sensible et clivant. Le député les Républicains, Daniel Fasquelle, a déposé une proposition de résolution qui invite le gouvernement à interdire les pratiques psychanalytiques dans la prise en charge de l'autisme. Ce projet est porté par 92 autres parlementaires dont Bernard Accoyer (LR), Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), Laurent Wauquiez (LR) ou encore Thomas Thévenoud (ex-PS). Les 93 députés ne veulent plus entendre parler de ces méthodes et en appellent à "des méthodes scientifiques qui ont fait leurs preuves". Explications.
"C'est une perte de chance". Le texte demande à l'Etat d’autoriser et à ne rembourser, pour l’autisme, "que les thérapies et les programmes éducatifs conformes aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)". En mars 2012, la HAS a donné son avis sur la prise en charge de l'autisme."L'absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle", écrivait-elle.
Pour de nombreuses associations, ces recommandations de la HAS sont claires. "Ces pratiques sont inefficaces, alors pourquoi continuer à les appliquer ?", s'interroge Florent Chapel, vice-président de la Maison de l'Autisme. Aux côtés d'autres associations comme Agir et Vivre l'Autisme, Vaincre l'autisme ou encore Asperger aide France, la Maison de l'Autisme milite pour des approches plus éducatives. "La vie de nos enfants est en danger", s'insurge encore Florent Chapel. "C'est une perte de chance de ne les soigner correctement".
La pratique du packing aussi dans le viseur. La proposition de résolution vise également à "interdire sur le plan légal" la pratique du packing. Cette méthode consiste à enrouler un enfant autiste dans des draps froids et humides pour essayer de mieux lui faire prendre conscience de son corps. "Cette pratique a été interdite en 2012. Et malgré tout, les associations de psychanalyse continuent de l'appliquer. Ça n'a aucun sens", déplore Florent Chapel.
Les associations de psychanalyse "indignées". Dans un débat très sensible, il y a forcément l'autre partie, celle indignée par cette initiative. L'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse qui réunit pas moins de 12 associations dénonce un texte "liberticide". Même son de cloche pour le professeur Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de France à l’hôpital Necker. "Cette interférence du politique dans le contenu du soin est inconcevable vis-à-vis de la protection des libertés et ceci d’autant plus qu’il n’existe aucun consensus et aucune solution générale quant à la prise en charge de l’autisme", explique-t-il dans les colonnes de Libération. Et d'ajouter : "nos approches ne sont pas infaillibles et le résultat reste incertain comme dans bien d’autres domaines. Il faut donc protéger et renforcer une recherche libre et variée pour sortir du mystère que demeure encore l’autisme".
Ce texte, qui n'a pas la valeur contraignante d'une loi sera débattu jeudi 8 décembre à l'Assemblée mais "a très peu de chances d'être adopté" selon un député de la majorité.