La hausse annuelle du coût de la prise en charge du cancer est devenue "intenable" et "si on laisse faire, cela va mal finir", estime mardi le président de l'Institut Curie, Thierry Philip, dans une interview à Libération. "En 2000, nous avions un coût du cancer à 15 milliards tout compris : assurance maladie, arrêts maladie, taxis, etc., dont un milliard pour les médicaments. Aujourd'hui, nous en sommes à 16,5 milliards, dont 3,5 milliards pour les médicaments", précise-t-il. Selon lui, cette augmentation "est forte mais elle reste supportable, sauf si on s'attarde sur les trois dernières années..."
"Si on laisse faire, ça va mal finir". "Nous sommes sur une pente d'un milliard par an d'augmentation, et si on se projette en 2025, on se retrouve avec près de dix milliards pour les médicaments du cancer. Nous sommes entrés dans un taux d'augmentation annuelle qui est devenu intenable", ajoute-t-il. Et "si on laisse faire, cela va mal finir", prévient-il. "Pour l'instant, en France, on tient. On arrive à faire face et à prendre en charge le remboursement (...). L'inquiétude est pour après", souligne-t-il.
Vérifier ce que disent les laboratoires. Pour le président de l'Institut Curie, "il faut de la transparence" dans le processus d'élaboration d'un médicament par les laboratoires, en distinguant "clairement le coût de la recherche et le coût de la fabrication". "Les firmes disent qu'elles mettent dix molécules dans les tuyaux pour qu'une seule marche. Eh bien, pourquoi pas ? Vérifions, qu'elles nous disent lesquelles, combien cela a coûté", souhaite Thierry Philip. Le président de l'Institut Curie insiste par ailleurs sur la nécessité "d'inclure les patients dans le système". "On l'a vu avec le VIH, les malades ont imposé la transparence, c'est là la solution, du moins le levier", explique-t-il, appelant à "aller vers le juste prix".