L'Hôpital malmené cet hiver : entre la triple épidémie de grippe, bronchiolite et Covid qui pèse sur les services d'urgence, les vacances scolaires qui privent les soignants d'une partie des effectifs, il y a aussi, depuis le début de la semaine, un mouvement de grève chez les médecins libéraux, qui contraint les patients à se rediriger vers l'hôpital. Ce mercredi matin, le ministre de la Santé, François Braun, était en déplacement à l'hôpital d'Annecy, en Haute-Savoie. Il fustige le calendrier choisi pour ce mouvement social.
Une grève "particulièrement malvenue en cette période d'extrême difficulté pour le système de santé"
"J'ai eu l'occasion déjà de me prononcer sur cette grève que je trouve particulièrement malvenue en cette période d'extrême difficulté pour le système de santé. Je ne remets bien sûr pas du tout en cause le droit de grève des médecins, mais c'est vraiment la très mauvaise période. Je l'ai dit, je le redis et je remercie tous ceux qui sont sur le pont. J'ai réuni hier l'ensemble des personnels concernés, que ce soient les syndicats hospitaliers, les syndicats libéraux et j'ai pu, là encore, remercier tout le monde de leur mobilisation pendant cette période difficile", a souligné le ministre de la Santé.
"C'est une bonne chose, me semble-t-il, de faire grève. Nous avons des institutions qui permettent de discuter, de traiter les problèmes. Utilisons ses institutions. Ma porte est toujours restée ouverte et elle le restera pour régler les problèmes. Mais on ne fait pas la grève avant de commencer à discuter. En tout cas, ça me semble un peu curieux", a conclu François Braun.
"La responsabilité n'est plus dans notre camp", répondent les grévistes
Le ministre est donc monté au créneau et semble se positionner aux côtés du monde hospitalier. Une sortie du ministre à laquelle ont réagi les médecins grévistes au micro d'Europe 1. Les généralistes renvoient la balle au ministère de la Santé qui était prévenu de cette grève, assure Mokhtaïra Alikada, médecin à Lyon et porte-parole du collectif "Médecin pour demain", à l'origine de ce mouvement.
"Nous avons été responsables car en octobre 2022, nous avons annoncé les grèves des 1er et 2 décembre et du 26 décembre au 1er janvier. Il y a eu quatre réunions de négociations avec la Caisse nationale d'assurance-maladie et il ne s'est rien passé. Au bout d'un moment, la responsabilité n'est plus dans notre camp", souligne-t-elle.
François Braun s'est dit ce mercredi matin ouvert au dialogue. Des paroles en l'air, dénonce le Docteur Alikada. "Le 2 décembre, ils ont passé la loi de financement de sécurité sociale 2023 en 49.3. C'était le jour où nous faisions grève. Et après on nous dit que nous ne sommes pas responsables. Ce n'est pas entendable", insiste-t-elle.
Et la colère des généralistes est étendue sur tout le territoire. Selon le collectif médecin pour demain, depuis lundi, en fonction des régions, 50 à 80% des cabinets des médecins libéraux ont gardé leurs portes fermées.